Mardi dernier, jour du marché hebdomadaire à M’Chedallah, la première observation qu’on puisse faire en franchissant l’entrée du souk est le fait que les citoyens qui en sortent les mains vides sont, et de loin, beaucoup plus nombreux que ceux qui ont effectué quelques légers achats. La foule bigarrée, comme prise d’une torpeur collective, tournait autour des étals débordant de toutes sortes de produits alimentaires sans y toucher ni même marquer un temps d’arrêt. Effleurant juste d’un regard nonchalant les prix affichés, dont certains donnent le tournis et découragent même le plus téméraire des clients à l’image des haricots verts qui s’affichaient à 140DA, la courgette à 120DA, la carotte à 80DA, le piment vert local à…170DA, la tomate à 90DA… cela pour ne citer que les légumes à large consommation durant le Ramadhan. Les fruits de saison n’étaient pas non plus épargnés par cette frénésie des prix, comme la pastèque, entre 35 à 40DA/kg, le melon à 80DA le kg, le raisin à 160DA. Le seul marchand autour duquel se formait une foule assez remarquable et même agitée était un boucher ambulant, venu apparemment de loin et qui cédait, on ne sait par quel miracle, la viande bovine à 720DA/kg, le crâne, les pieds et les abats à 200DA/kg. Sinon, les citoyens semblaient être pris de somnolence ou, suivant un enchaînement infini de réflexions profondes, broyant du noir devant une telle cherté et se bousculant sans même s’en rendre compte. Vers 11h, le moment où, d’habitude, la plupart des étals sont vides ou en voie de l’être, aucun grand changement, avec les tas de fruits et légumes à peine entamés.
Oulaid Soualah