Après une courte « trêve », les commerçants de l’informel réinvestissent les rues et les ruelles du chef-lieu de la wilaya.
Ainsi, en cette moitié du mois de Ramadhan, les trabendistes et autres squatteurs en tout genre ont repris leurs « positions » à travers les différents quartiers de la ville. C’est du moins ce qu’il nous a été donné de constater en sillonnant les diverses placettes et autres artères de Bouira. En effet, à peine quelques minutes après la rupture du jeûne, ces petits vendeurs à la sauvette commencent à étaler leurs marchandises sur la voie publique à la vue de tout le monde.
La ville envahie
Au niveau de la cité Ouest, située en plein cœur de Bouira, à quelques encablures du commissariat central de la police, les trottoirs sont carrément envahis par ces commerçants illégaux. Ces derniers dressent divers produits sur la chaussée, au mépris de la réglementation, ce qui donne lieu à une anarchie indescriptible. L’un d’eux, âgé d’une vingtaine d’années et « spécialisé » dans l’habillement, nous a confié tout sourire qu » en cette dernière quinzaine de Ramadhan, je compte doubler mes bénéfices Inchallah! ». Avant d’enchaîner sur les produits en vogue, en déclarant : » Avec les JO, les t-shirt et autres maillots flanqués des anneaux olympiques marchent du tonnerre! Vous en voulez? J’en ai à des prix imbattables », nous a-t-il lancé. Un autre a clairement signifié que lui, il avait opté pour des valeurs sûres, tels que les vêtements et les jouets pour enfants, « avec l’Aïd qui arrive, il n’y a rien de mieux pour mettre un peu de beurre dans les épinards ». Idem du côté du boulevard Zighout Youcef, à un jet de pierre du siège de la wilaya. Ces « commerçants », pullulent et s’approprient littéralement le moindre mètre carré de trottoir. Tout, ou presque, se vend et s’achète à des prix défiant toute concurrence, et pour cause, ces trabendistes, ne sont soumis à aucune taxe. Mais la situation, devient des plus dangereuses au niveau de la placette Rahim Galia, l’un des hauts lieux de l’informel à Bouira. En effet, cette placette prend des allures de bazar à ciel ouvert, où les squatteurs se donnent à cœur joie. L’exemple le plus édifiant de cette anarchie, est celui des pseudo confiseurs qui exposent zlabiya et autres kalb el louz à même le sol, battant en brèche les règles les plus élémentaires d’hygiène. Bon nombre de citoyens, croisés sur les lieux, ont fait état de leur désapprobation vis-à-vis de ce fléau. » C’est affligeant de voir ça. Nos rues se sont transformées en une jungle où chacun dicte sa loi », nous a-t-on indiqué. Skandar, un habitant du quartier des 1100 logements, s’est interrogé sur le rôle des autorités face à cette « Gangrène » de l’informel. « On lit partout, que l’Etat combat par tous les moyens le marché noir. Mais en réalité ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur…C’est assez intriguant! », a-t-il confié.
Entre impuissance et laxisme
Pour en savoir plus sur le sujet, nous avons pris attache avec M. Tabli, représentant de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) à Bouira. Pour ce syndicaliste, c’est » l’Etat qui encourage l’informel », et les commerçants ayant un registre de commerce sont les premiers touchés par ce qu’il a qualifié de désastre. » À l’UGCAA, nous avons à maintes reprises interpellé les pouvoirs publics dans le but de mettre un terme à ces pratiques honteuses, mais aucun responsable n’a daigné nous répondre », a-t-il affirmé en énumérant toutes les lettres et correspondances adressées aux différentes autorités de la wilaya. Pour leur part, les services de sécurité de Bouira, notamment ceux de la voie publique, font état, par le biais de communiqués périodiques, de » nombreuses saisies » de marchandises provenant du marché noir. Cependant, et à travers les nombreuses » places » de l’informel à Bouira, on constate un certain » laxisme » de la part des agents de l’ordre. Pour preuve, il n’est pas rare de croiser plusieurs trabendistes, exposer leur marchandise au nez et à la barbe des forces de l’ordre, sans que cela ne suscite la moindre réaction de la part de ces derniers. Enfin, on peut aisément dire que le commerce informel au niveau de la wilaya de Bouira, à l’instar des autres villes du pays, est fortement enraciné dans la société sans qu’aucune autorité ne puisse y mettre un terme.
Ramdane B.

