Le calvaire continue

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On est certes loin de l’époque où l’extrait de naissance se délivrait sur rendez-vous et au bout d’une attente qui pouvait durer un mois, mais toujours est-il, la pagaille est toujours de mise au niveau de l’APC de Tizi-Ouzou.

On se bouscule encore et toujours devant les guichets du service de l’état civil qui ne désemplit pas à longueur de journées. Hier, 9h du matin, les lieux étaient déjà noirs de monde. Les guichets les plus «achalandés» sont ceux spécialisés dans l’établissement des actes de naissance. «Pour l’extrait de naissance normal, vous n’avez pas à faire la queue, vous le déposez de l’autre côté», précisait l’agent préposé à la sécurité qui était sollicité par tout le monde. C’est au niveau de cette mairie, on y vient de partout, même des autres wilayas tel ce jeune homme, la trentaine à peine entamée, venu de Mostaganem. Celui-ci avait l’air perdu. Il voulait établir un certificat de capacité. «Je travaille ici à Tizi-Ouzou. Je voulais établir ce papier. Je ne vous cache pas que je ne sais pas où donner de la tête», affirme ce dernier qui a fini par être orienté tout gentiment par un des agents de sécurité. Le «Mostaganemois» a été prié de remplir l’imprimé qu’il portait dans la main et faire la queue devant le bureau de la légalisation. Un bureau qui était pris d’assaut. La chaine avançait très lentement. A l’image d’ailleurs des guichets des extraits de naissance. Cinq ou six guichets ont été «mobilisés» pour accélérer le travail…mais en vain. En effet, l’interminable file d’attente ne semblait pas bouger. De temps à autre, un citoyen poussant un grand soupir quittait la chaîne au comble du bonheur. Le thermomètre montait de plus en plus.

«Venir juste après le shour»

Il était 11h. Tout était plutôt calme jusque là. Celui qui ne pouvait pas patienter s’avouait vaincu et se retirait non sans balbutier quelques mots «gentils». Subitement ce calme ‘’précaire’’ fut interrompu par ‘’le rappel à l’ordre’’ d’une jeune femme au milieu de la chaîne : «Je me rappelle tous ceux étaient devant moi. Ce n’est pas la peine d’essayer de griller la chaîne. Vous madame vous étiez derrière moi, alors ne la jouez pas rusée», lança-t-elle cette à une dame. L’ordre rétabli, la file reprit sa progression normale. Mais quelle progression !!! «Va par là change de guichet, car la préposée ici est trop lente et tu risques de passer la journée ici», lança un quadragénaire, qui venait d’obtenir le fameux acte de naissance, à une de ses connaissances qui obtempéra. Mais ce n’était pas fini pour cet homme, car il devait encore cacheter son document qui lui a été remis sans signature. «Les cachets et les signatures, c’est par là !», ne cessait de répéter un agent de sécurité. Parmi les cas orientés, un jeune d’une vingtaine d’années qui affirmait revenir de chez lui après avoir récupéré son acte de naissance la veille : «Monsieur, SVP, où dois je cacheter mon extrait de naissance, je l’ai pris hier. Je ne savais pas qu’il n’était pas signé. Je ne m’en suis rendu compte qu’une fois à la maison», s’est-il donné la peine d’expliquer à l’agent qui lui montra du doigt un bureau. «On devrait se lever tôt, très tôt même pour établir un extrait de naissance. Il faudrait venir juste après avoir pris son Shour», ironisa un quinquagénaire qui tenait jalousement l’extrait de naissance qu’il venait juste d’obtenir au bout de pas moins de 5 heures d’attente.

2 000 actes établis par jour, selon le maire

«J’étais ici à 6h du matin. J’ai cru que j’avais réalisé un record, mais à mon grand étonnement j’ai trouvé une liste de 67personnes arrivées avant moi», raconte notre interlocuteur qui embrassa son extrait de naissance tellement il était fou de joie. C’était la délivrance ! En revanche, le calvaire venait juste de commencer pour tous ceux qui venaient d’arriver. Allaient-ils attendre et faire la chaine ou repartir et revenir le lendemain, c’est la question qui taraudait leurs esprits. «Si tu veux reporter à demain, tu devras venir très tôt, cela t’épargnerai une longue chaîne d’attente», conseilla un jeune villageois à un ami qui lui demandait conseil. «En tous les cas, si tu décides de faire la queue aujourd’hui, il faudra tabler sur 16h comme limite», argua le même jeune. Il est vrai que l’attente peut s’étaler sur 6 heures de temps tant l’affluence est énorme. En effet, pas moins de 2 000 actes de naissance sont délivrés chaque jour au niveau de l’APC de Tizi-Ouzou. Ce chiffre nous a été communiqué par le maire, estimant que ce nombre a doublé à l’occasion de l’approche de la rentrée sociale. «Nous étions à 800 actes par jour il y a quelques mois», précisa-t-il. Ce qui est à craindre après la fin du mois de carême c’est justement la rentrée sociale qui pointe déjà du nez. D’autant plus qu’aucune disposition n’a été prise, de l’aveu même du maire, Naguim Kolli, pour y faire face. «Nous avions pensé à travailler le samedi, mais nous sommes confrontés à un problème lié à la sécurité», explique le P/APC de Tizi-Ouzou. C’est dire que les usagers du service de l’état civil de Tizi-Ouzou devront se préparer au pire et s’armer de patience en prévision de la rentrée. Nous avons bien senti le temps passé notamment dans l’après-midi, la file était impressionnante.

M.O.B

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