Le calvaire des sinistrés d’Ighil Oumenchar s’éternise

Partager

Cela va faire près de 5 mois que plusieurs familles originaires d’Ighil Oumenchar sont abandonnées à leur sort.

Un sort des plus funestes, après l’éboulement de terrain qui a endommagé voir pour certains entièrement détruit, leurs demeures. Cela s’est produit le 18 avril dernier, alors que les pluies s’étaient abattues sur la région durant plusieurs jours. Les familles avaient été évacuées vers l’école primaire de Châabet Brahem en attendant leur relogement. Un relogement qui se fait toujours attendre, cinq mois plus tard, et c’est dans des conditions plus que déplorables que ces familles survivent en l’absence du minimum de commodités.

A dix dans une salle de classe

En se rendant sur les lieux, hier matin, pas âme qui vive à proximité de l’école primaire Nedjaâ Amarouche. Pourtant, ce ne sont pas les «locataires» qui manquent à l’intérieur de cet établissement scolaire. On nous avait affirmé qu’il y aurait une dizaine de familles vivant pêle-mêle dans ces classes. Soudain, un quadragénaire sort par le portail principal grand ouvert. Nous l’abordons pour savoir s’il fait partie des familles sinistrées. Visiblement étonné de notre présence et de cette question pour le moins indiscrète dès les premières heures de la matinée en ce mois de Ramadhan, il acquiescera, toutefois. Une fois les présentations faites, M. Ahmed Mansouri nous révélera qu’il est un membre d’une famille sinistrée. «Nous étions 24 familles à avoir trouvé refuge ici le jour de notre évacuation le 18 avril dernier. Au fur et à mesure que les jours et les semaines passaient et sans que nous ne voyions rien venir, plusieurs familles ont dû quitter cet enfer». L’enfer, un mot qui peut paraitre un peu fort, pourtant la chaleur qui règne dans ces classes ne peut être définie autrement. Des classes d’école qui ne disposent d’aucune climatisation et dont les dalles en béton accumulent les rayons du soleil pour les transmettre directement à l’intérieur des pièces. A l’intérieur de chaque classe, deux à trois familles vivent entassées dans des conditions plus que misérables. «Mon frère à dû quitter cette classe qu’il occupait avec moi, car avec nos deux familles, il était impossible de vivre dans cette promiscuité». En effet, notre interlocuteur, son épouse et leurs 4 enfants, ne pouvaient endurer des conditions de vie pareille. C’est donc son frère qui a choisi d’abandonner les lieux avec sa famille pour retourner vivre dans la demeure qu’ils avaient évacuée en toute hâte en avril dernier.

Seul le maire demeure à l’écoute

«Durant les 15 premiers jours de notre évacuation, nous avions reçu la visite de responsables, comme le chef de daïra et le maire, mais depuis, seul le p/APC s’enquiert régulièrement de notre situation. D’ailleurs, M Silem Moussa, le maire de Taghzout est toujours à l’écoute de nos doléances». Ainsi et comme nous avons pu le constater sur les lieux, un camion citerne approvisionne régulièrement les familles sinistrées en eau potable, mais malgré cela, M Mansouri avouera que la situation est difficile : «Nous les hommes, nous pouvons nous rendre dans les bains maures ou les douches publiques de la localité mais pour les femmes et les jeunes filles, nous sommes contraints de louer des véhicules jusqu’à Bouira et les emmener faire leurs toilettes». D’autant plus que notre interlocuteur nous affirme que de nombreux pères de familles sinistrées sont sans emploi et qu’ils ne disposent d’aucun moyen financier pour se permettre ces déplacements.

Des familles sinistrées et déchirées

Dans les cinq classes de cette école primaire, les familles souffrent le martyr en ce Ramadhan caniculaire, et certaines se sont retrouvées déchirées à cause de cette situation. C’est le cas de deux familles qui comptaient parmi elles deux femmes octogénaires, diabétiques et hypertendues, qui ont dû se résoudre à partir vivre chez des proches dans leurs villages. Idem pour des nourrissons dont les mères ont dû quitter les lieux à cause de cette chaleur. On imagine aisément le calvaire de ces familles qui attendent impatiemment leur recasement pour pouvoir enfin être réunis. Et ce n’est pas le couffin du Ramadhan qui apaisera leur attente.

Le recasement se fait attendre

Malgré les promesses faites par les différents responsables, le recasement tarde vraisemblablement à s’effectuer. «Nous nous sentons véritablement oubliés par les pouvoirs publics qui brillent par leur inertie, on nous avait promis un recasement dans les plus brefs délais, avec comme date butoir le début du Ramadhan, mais à ce jour, nous ne voyons rien venir». Ahmed Mansouri nous apprendra qu’au début, il avait été convenu qu’une assiette de terrain soit dégagée pour entreprendre la réalisation de logements pour ces 24 familles. Toutefois, ces familles sinistrées, affirment qu’elles n’ont toujours pas pris connaissance du rapport du CTC et qu’il n’est pas évident qu’elles bénéficient toutes d’un logement. D’autres rumeurs circulent également au sein de ces familles disant que sur les 50 logements sociaux en voie d’achèvement à Taghzout, une vingtaine leur serait destinée. Une information peu crédible étant donnée que pour prélever un tel quota sur ces logements destinés exclusivement au social, il faudrait tout d’abord un arrêté du wali ou du Ministre. Ce qui n’est pas encore le cas à l’heure actuelle. De ce fait, ces sinistrés risquent encore de végéter «provisoirement» encore quelques temps, avant que les autorités ne prennent la décision de recaser ces familles.

Hafidh B.

Partager