Un bilan mitigé sauvé par la médaille d’or de Makhloufi

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La 13e participation algérienne aux jeux olympiques, qui ont pris fin, hier soir, au stade olympique de Londres avec la cérémonie de clôture, a été marquée par des performances décevantes qui ont confirmé le malaise dans lequel se trouve le sport algérien, rattrapé un tant soit peu par l’exploit de Taoufik Makhloufi sur le 1500 m.

L’Algérie, qui a participé aux JO de Londres-2012, avec une délégation de 39 athlètes dans 12 disciplines, dont 12 volleyeuses, a brillé par une série de contre-performances de la majorité des athlètes engagés, très loin du niveau olympique et éliminés dès le premier tour des compétitions. Certes, sur le plan comptable, l’Algérie a fait mieux par rapport à Pékin avec la médaille d’or du coureur Makhloufi en athlétisme contre deux médailles (une argent et une bronze) en judo en 2008, mais cela ne peut pas cacher les résultats décevants des athlètes algériens à Londres.

Faillite de la boxe et du judo

Avant le début des trentièmes jeux olympiques 2012, les chances de médailles algériennes reposaient notamment sur la boxe et le judo et à un degré moindre sur l’athlétisme. Avec huit pugilistes qualifiés, emmenés par le champion du monde WSB, Abdelhafidh Benchabla, la boxe algérienne, qui visait un podium olympique après 12 ans de disette, est passée à côté de son sujet. En effet, aucun boxeur algérien n’est parvenu à atteindre le dernier carré de la compétition, synonyme d’une médaille de bronze assurée au moins. Certes, certaines décisions des arbitres ont été “fatales” pour quelques boxeurs, mais cela n’explique pas à lui seul l’échec consommé du noble art algérien au rendez-vous de Londres. Des boxeurs expérimentés comme le capitaine de l’équipe Abdelkader Chadi et Chouaib Bouloudinat sont l’exemple parfait de cet échec inattendu avec une élimination précoce dès le premier tour. Mais pour le directeur technique national, Mourad Meziane, le rendement de ces boxeurs a été dans l’ensemble “satisfaisant”. « Franchement, je suis satisfait de la prestation technique de nos boxeurs. Ils ont fait ce qu’il fallait faire, mais des facteurs extérieurs qu’on ne peut pas maîtriser, à l’instar de l’arbitrage, ont été fatals pour nous », a-t-il dit. Pourtant, parmi les huit boxeurs ayant pris part aux JO, trois seulement ont atteint les quarts de finale et aucun n’a réussi à passer ce tour fatidique. Un bilan mitigé loin des espérances.

Des investissements en boxe mais pas de résultats

Le chef de mission de la délégation algérienne Mohamed Azzoug n’a pas caché sa déception après la prestation décevante des boxeurs algériens, estimant qu’ils n’ont pas été à la hauteur des attentes, en dépit des moyens importants mis à leur disposition par les pouvoirs publics. « L’Etat a beaucoup investi dans la boxe, malheureusement, les résultats n’ont pas suivi, il faut changer de politique et penser à d’autre sports », a-t-il souligné. Outre la boxe, le judo, qui a offert deux médailles à l’Algérie à Pékin, a été absent à Londres, avec la double élimination dès le premier tour de Soraya Haddad, pourtant grande favorite pour une place sur le podium et Sonia Asselah. Des résultats qui sont là pour confirmer la régression de cette discipline lors des quatre dernières années où les judokas algériens n’arrivent plus à s’imposer même au niveau africain ou arabe. Pour l’ancien président de la fédération algérienne de judo, Mohamed Meridja, présent à Londres, tout ce qui a été fait dans le passé a été malheureusement “cassé” et le résultat actuel était “prévisible”. L’entraîneur de la judokate Soraya Haddad, Mohamed Bouheddou, qui exerce comme directeur technique national au Qatar, estime que les athlètes algériens ont besoin d’une réelle prise en charge et d’un travail à long terme pour arriver à rivaliser avec le niveau international. Les autres disciplines ne sont pas mieux loties et les résultats enregistrés à Londres sont l’illustration parfaite de leur malaise. En cyclisme, le coureur Azzedine Lagab, contraint à l’abandon, a souffert d’un vélo défaillant, alors qu’au tir sportif, Fateh Ziadi, avant-dernier de l’épreuve du 10 m pistolet à Air comprimé s’est déplacé sans entraîneur. En haltérophilie, le jeune Walid Bidani, qui a amélioré son record personnel en arrachée, a bénéficié de 34 jours seulement de stage en Pologne pour préparer les JO. En volley-ball, la deuxième participation algérienne de rang chez les dames n’a pas été fameuse avec cinq défaites en autant de matches, terminant bon dernier du groupe A. Les deux sets gagnés contre la Grande-Bretagne sont la seule satisfaction pour les coéquipières de Zohra Bensalem. Au beau milieu de toute cette “déconvenue” du sport algérien à Londres, a surgi, heureusement, le nouveau porte-drapeau du sport algérien, le jeune Taoufik Makhloufi qui a réussi à sauver la face grâce à sa brillante victoire en finale du 1500 m. Le jeune natif de Souk Ahras, discret et inconnu de beaucoup d’observateurs avant les JO-2012, s’est révélé au grand jour comme la nouvelle star mondiale du 1500 m. « J’ai souffert le martyr lors des sept derniers mois, j’ai travaillé dur pour la médaille et Dieu merci je suis récompensé par cette victoire », s’est-il réjoui. Une médaille en or, la quatrième sur le 1500 m après celles de Hassiba Boulmerka en 1992, Noureddine Morceli en 1996 et Bénida Nouria Merah en 2000 qui a permis à l’Algérie de figurer au tableau des médailles des JO-2012 et d’éviter ainsi le zéro pointé d’Athènes-2004. Mais cette consécration de Makhloufi ne doit en aucun cas cacher la réalité du sport algérien, malade et confronté à des problèmes sérieux qui nécessitent une discussion franche et sincère autour d’une table de toute la famille sportive algérienne, pour sortir de cette situation qui dure depuis des années, selon la presse nationale et les spécialistes.

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