Rassemblement devant la cour de Bouira

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Ils n’étaient pas loin d’une quarantaine à répondre à l’appel du CDJA (Collectif des Jeunes d’Ahnif) et à venir se rassembler, hier à partir de 10 heures, devant la cour de Bouira. Pendant que les jeunes protestataires déployaient leurs banderoles exigeant la libération de leur camarade Nafaa Khelifi, l’un des animateurs du CDJA a été empêché par la police de prendre des photos. Il refusera, cependant, de remettre son appareil estimant qu’il avait le droit de filmer ses camarades. Le ton monte. Un policier en civil invite le jeune à le suivre. Ce dernier réitère son droit de filmer et propose au policier de visionner les photos prises et d’écraser celles « jugées interdites par la loi ». C’est ce qui sera fait, avant que le jeune animateur du collectif ne rejoigne ses camarades. Le rassemblement tarde à prendre de l’épaisseur. Le jeune Meziane justifiera à ce propos : « en fait, des camarades sont allés au tribunal, alors que le procès de Nafaa est prévu au niveau de la cour ». Cela étant, empêchés de se rassembler devant le portail de la cour, la quarantaine de jeunes traversera le bitume du boulevard et, faisant face à l’édifice de la justice, ils arboreront leurs banderoles où l’on pouvait lire : « libérez notre frère Nafaa Khelifa », et « à bas l’injustice ».

Parmi les protestataires, des militants du RDLD (Réseau de Défense des Libertés et de la Dignité) venus d’Alger ont tenu à apporter leur soutien au collectif des jeunes d’Ahnif. Il s’agit de Kader Fares, Atmane Ouameur Douaib Laâdjal et Tarek Mammeri. Pour rappel, ce dernier est ce militant qui avait défrayé la chronique pendant les dernières législatives à Alger : il avait écopé de six mois de prison avec sursis pour avoir « activé » en faveur du boycott des élections. Idem pour son camarade Atmane Ouameur dont le procès est prévu pour le mois prochain. Quelques badauds assommés par le soleil de plomb marquent une halte devant le rassemblement, le temps de lire ce qui était écrit sur les banderoles. Passée midi, à l’intérieur de la salle des procès, le dossier de Nafaa Khelifi est soumis au jugement de la cour. Le maire de la commune d’Ahnif, le plaignant, est absent. Il est cependant représenté par son avocat qui demandera l’ajournement du procès. Demande qui lui sera accordée, sous réserve que le plaignant soit présent, au prochain procès. C’est ainsi que la date du 5 septembre sera retenue.

Revenons aux faits suite auxquels le jeune Nafaa a été arrêté le 31 mai dernier. Ce jour-là l’accusé avait fait « irruption » dans les bureaux du maire, pour s’enquérir des suites données à ses cinq dossiers de demandes d’emploi. S’ensuivra une altercation entre le P/APC de la commune d’Ahnif et le jeune citoyen. « Le portrait du Président de la République payera les frais de l’altercation », nous explique l’un des jeunes initiateurs du rassemblement d’hier. Suite à cela, le maire intentera une poursuite en justice.

« Menace non armée, atteinte à l’image du Président de la République et destruction de biens publics », seront les chefs d’accusation retenus contre le jeune révolté. Dans un document rendu public « le collectif des jeunes d’Ahnif dénonce fermement le comportement du P/APC qui a dépassé le seuil de la tolérance ». Plus loin dans le même document, les contestataires affirment : « après un quinquennat plein de faux espoirs et de mensonges à propos de projets qui n’ont jamais vu le jour, il (le maire, ndlr) fait passer aux habitants de notre commune la pire année de leur vie ». Toujours dans la même déclaration, il est souligné que le P/APC n’en est pas à son premier démêlé avec ses concitoyens : « plus de 60 personnes, pour la plupart des jeunes, ont été attaquées en justice ». La dernière affaire en date, opposant le maire à ses concitoyens, remonte au 19 juin de l’année en cours. Le premier magistrat d’Ahnif poursuivra 06 jeunes en justice dont trois membres du collectif et un militant des droits de l’homme. Il s’agit de Sebah Malek, Mechedou Redouane, Aknouche Boubeker, Medioune Meziane, Younsi Mohamed et Meziane Abane ».

S.O.A

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