Les conditions de vie des habitants d’Ighil Ouchékrid dans la commune de Seddouk sont des plus dures même si la nature a doté leur village d’un environnement sauvage des plus charmants.
Ledit village n’est même pas connu du reste des habitants de la commune dont il relève, donc pas la peine de le chercher sur la carte. Il est situé au piémont de la montagne d’Achtoug et adossé au flanc Ouest. Les agriculteurs sont les seuls agents économiques et certains habitants ne vivent que des produits de la terre, d’autres monnaient leur force de travail ailleurs. D’ailleurs vous ne trouverez pas un petit espace agricole délaissé. Outre les figuiers qui donnent des fruits de bonne qualité de par leur grosseur et leur goût succulent et appétissant, les céréales et les fourrages y sont aussi cultivés. Éloigné d’une dizaine de kilomètres du chef-lieu et des officiels, il semble être abandonné à son triste sort. Ce hameau est occupé par des dizaines de familles. Pour y accéder, en sortant de la RN74, il faut emprunter une route dans un état piteux, ravinée et truffée de crevasses. «La route est non seulement pentue mais elle est aussi dans un état de dégradation avancée. Nous avons à maintes fois signalé son état à l’APC qui ne veut toujours pas lui accorder un projet pour son aménagement comme elle tarde aussi à installer un abribus digne de ce nom sur la RN 74 où nous prenons les fourgons», s’insurge un habitant du village. Tourné naturellement vers le Djurjura et surplombant toute la haute vallée de la Soummam, le hameau ne dispose d´aucune commodité pour une vie décente. Les maisons qui le composent construites par les propriétaires eux-mêmes sur leurs terrains, se bousculent sans aucun aménagement, ni architecture. L´éclairage public, inexistant, complique la vie des habitants qui ne peuvent pas sortir sans prendre le risque d´être attaqués par des animaux sauvages qui rôdent dès le coucher du soleil. Le risque est aussi encouru par les enfants scolarisés qui, tôt le matin, se dirigent vers les écoles avoisinantes distantes de leur village d’environ six kilomètres. «Nos écoliers sont scolarisés dans des écoles des villages environnants et par manque de transport scolaire se rendent à pied à leurs établissements», a affirmé un parent d’élèves. L´inexistence d´une structure de santé pour assurer les premières interventions oblige les habitants à recourir aux véhicules particuliers pour évacuer leurs malades vers les polycliniques de Seddouk et de Beni Maouche.
Sans école, ni transport scolaire
Les jeunes, qui n´ont aucun lieu pour occuper leur temps, s´exilent la journée vers les villes de Seddouk et de Beni Maouche pour surfer sur la toile Internet et ne rentrent que le soir pour dormir. «Ce qui est incompréhensible, tous les villages situés à la périphérie de la ville de Seddouk sont pratiquement dotés de terrains de jeux de proximité alors que notre village, le plus éloigné de la commune, nos élus n’ont pas songé à le doter d’une telle infrastructure indispensable pour la pratique du sport des jeunes. Pourquoi, nos élus n’ont pas aussi pensé à le doter d’une maison de jeunes pour la pratique d’activités culturelles tels que l’Internet, la musique… Ce qui fait que pour surfer sur la toile, nos jeunes doivent se rendre en ville. Sur le plan couverture médicale de la population, un centre de santé fait défaut ce qui oblige les malades à aller se faire soigner en ville aussi», explique un jeune de la localité. Le village continue à utiliser la bouteille de gaz butane qui se raréfie en hiver et coûte chère car le village situé à quelques 1000 mètres d’altitude est souvent enseveli sous la neige et reste coupé du monde durant des jours. «En été le problème est supportable mais en hiver et vu l’altitude du village perché à quelque mille mètres, le gaz butane est une vraie corvée. La bouteille coûte chère quand elle est disponible. Nous ne savons pas si notre village est retenu parmi les villages qui seront alimentés en gaz de ville prochainement. Nous craignons qu’il soit oublié aussi», ajoute notre interlocuteur. Les aménagements urbains et la route d’accès, la réalisation d’une salle de soins, d’une maison de jeunes, d’un stade…sont autant de structures à prévoir dans cette bourgade. Le village pourrait être promis à un avenir certain et son développement passe par les autorités qui doivent le faire sortir de l’oubli en prêtant une oreille attentive à ses habitants qui semblent broyer du noir à présent tant que leurs revendications ne sont pas prises en considération. Dure, dure est la vie à Ighil Ouchekrid.
L. Beddar

