Akli Yahiatene marque son passage à Béjaïa

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Akli Yahiatene, le vétéran de la chanson algérienne et l’auteur de la chanson culte “Almenfi” “l’exilé” (à Cayenne), s’est produit dans la soirée du mardi à la maison de la culture de Bgayet. La salle était pleine à craquer, à tel point que beaucoup de spectateurs n’ont pu suivre le concert que debouts, adossés aux murs latéraux. Les organisateurs ont dû alors ajouter quelques chaises dans le cadre réservé aux familles pour permettre aux femmes retardataires de suivre confortablement le spectacle. Malgré son âge avancé et une bedaine qui commence à se faire remarquer, c’est droit comme un jeune homme que le chanteur entre en scène. Alors que tout le monde était en demi-manches, lui, il portait un costume avec cravate, aux plis impeccables, un signe évident qu’il venait tout juste de débarquer de Paris où il vit habituellement. A l’instar de ceux de sa génération, Akli Yahiatene a dû émigrer très tôt en France pour gagner sa vie. Et depuis, dans sa terre natale, il ne fait que de brefs séjours motivés par des visites familiales ou des galas. Le répertoire d’Akli Yahiatene est d’ailleurs composé essentiellement de chansons sur l’émigration d’avant, celle où la France ne valait pas plus que le dinar, celle où l’émigré vivait seul dans sa “chambre” et durant laquelle la femme restait seule au village pour élever les enfants et s’occuper des travaux des champs, celle encore où l’émigré faisait des aller-retours périodiques comme l’hirondelle de Slimane Azem avec, pour la femme, le spectre du drame qu’un jour il décide d’épouser une Française où, enfin, de ne revenir au pays qu’en vieillard cacochyme réclamer les soins de sa femme devenue vieille, elle aussi. Pendant plus de deux heures, il a su tenir les quelque huit cents (800) personnes présentes dans la salle en haleine. Pas un bruit, pas un souffle, tout le monde écoutait le chanteur et l’orchestre. Akli Yahiatene est doté d’une voix forte, profonde et claire, qui va de paire avec la musique débarrassée du sempiternel synthétiseur qui brouille voix et musique. Les chansons d’Akli Yahiatene sont lourdes de sens et, souvent, elle ne se prêtent pas à la danse et le chanteur, pour changer d’ambiance, enchaîne parfois sur des morceaux engageants pour inciter les jeunes à danser entre les travées mais, comme les spectateurs, pour la plupart d’un âge avancé, sont venus surtout pour écouter, il n’obtient pas pleine satisfaction. Malgré cela, ils en ont eu pour leur argent. D’ailleurs, à la fin de la soirée, les spectateurs n’arrêtaient pas de répéter : “Il nous a régalés !”.

B. Mouhoub

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