2e partie
Dès qu’on lui ouvre la porte d’enceinte, il met sa sœur au courant des faits, et lui dit que son père l’a envoyé pour la tuer et lui rapporter son foie et son sang.La jeune fille est étonnée de ce que l’on dit à son sujet. Elle lui raconte sa version des faits.Il la croit et lui dit :“- Je ne vais pas te tuer, mais si tu veux rester en vie pars d’ici ! Quant à mon père, je vais lui égorger un bélier et lui rapporter son foie et son sang. Il en fut ainsi !”Contrainte d’abandonner la maison familiale, elle prend pour provisions quelques fèves pour pouvoir se sustenter et la toison du bélier tué. Elle va par monts et par vaux. Arrivée dans une vallée herbeuse, elle voit un immense troupeau appartenant à l’Ag’ellid’ (roi) du pays. Elle met la toison du bélier sur son dos et, à quatre pattes, se mêle au troupeau. Elle se sent rassurée. Pour se sustenter, elle mange les fèves apportées, mais celles-ci finissent par s’épuiser, ne pouvant brouter de l’herbe comme les brebis, elle se met à pleurer et à dire à haute voix :“- Thekfayi rih’a b-oukhamAmek’ ad’ khed’magh a qessam !(J’ai terminé ce que j’ai apporté, mon Dieu comment faire pour manger !)”En disant ceci, elle est entendue par un berger, qui s’empresse de rapporter les faits au prince héritier.Intrigué, le prince (Ag’eldoun) ordonne au berger que dès le lendemain, il apporte avec lui et dépose près de la source où vont s’abreuver les moutons, deux assiettes remplies de couscous, garnies de viande, mais en prenant soin de ne mettre du sel que dans une seule.Quand le troupeau va boire, la jeune fille recouverte de la toison de bélier ne peut résister au désir de goûter à ce mets.Elle goûte la première assiette et la trouve fade, spontanément elle s’écrit :- Sek’sou agi ichevh’enD’-iffassen iâoujen ith ifethlenMessous dayen ivanen !(Ce couscous qui paraît beau a été roulé par des mains tordues, il est fade, cela se voit au goûter !).Avisant l’autre assiette, elle la goûte et la trouve bonne et ne peut s’empêcher de dire avant de la déguster :“- Sek’sou agi ichevh’enD’-iffassen iâbajen ith ifethlenZ’id’ d’ayen ivanen !( Ce couscous qui paraît beau a été roulé par des mains expertes. Il est délicieux à manger, cela se voit au goûter !)”Comme elle était affamée, elle avale l’assiette avec appétit. Dès qu’elle est rassasiée, le jeune prince qui était caché dans les fourrés à proximité lui dit :“- D’-achou kemA illi-s n-medden !( Qui es-tu, d’où viens-tu ?)”Surprise, la jeune fille est effrayée, elle se recroqueville et lui dit :“- Je ne suis qu’une pauvre fille venue d’une lointaine contrée.- Mais que fais-tu seule au milieu d’un troupeau, déguisée en bélier ?- C’est une longue histoire à raconter !- Raconte-la moi, je suis très curieux !”La jeune fille raconte en détail son récit au prince héritier. Quand elle se tait, il l’invite à la suivre au palais. Elle refuse. Conquis par sa beauté, le jeune prince est subjugué, tombé amoureux d’elle aussitôt, il lui demande de l’épouser. Elle accepte. Il l’emmène et fait d’elle quelques jours plus tard sa femme.
Benrejdal Lounes(A suivre)
