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La RN30 toujours férmée

Une vision cauchemardesque digne d’un film d’horreur ou d’une séquence hitchcockienne.

En collaboration avec l’APC de Saharidj, la subdivision des travaux publics (STP) de M’Chedallah a tenté une opération de réouverture de la RN30 bloquée, pour rappel, par de spectaculaires éboulements survenus durant la dernière semaine du ramadhan, suite au passage d’un gigantesque incendie qui a calciné et fragilisé la partie rocheuse traversée par cette route aménagée en plein milieu des falaises de la partie ouest du massif de Tamgout. Les engins de travaux publics engagés pour l’opération de déblaiement ont dû être retirés en catastrophe à cause des avalanches ininterrompues, qui continuent à se produire de manière spectaculaire et terrifiante. Une observation à l’abri du tunnel d’Imghouzen permet de constater de visu qu’une avalanche de galets et chutes d’énormes rochers se produisent chaque demi-heure, avec parfois des pans entiers qui se détachent du flanc de la montagne et qui atterrissent sur la route dans un impressionnant fracas. Une vision cauchemardesque digne d’un film d’horreur ou d’une séquence Hitchcockienne. Cette face de Tamgout (Lala khedidja) qui offrait jadis un agréable tableau de rêve avec son panorama grandeur nature est en phase de subir une transformation radicale. Les innombrables chutes d’énormes quartiers de masses rocheuses entraînent des pans entiers du goudron de cette route qui a bénéficié d’une opération de modernisation réceptionnée il y a moins de 6 mois. Il a fallu que la main criminelle de l’homme s’en mêle pour mettre un terme d’une façon plutôt brutale au bonheur de tout ce beau monde, qui aurait duré moins d’une saison en parallèle à un coup de frein non moins brutal à l’économie des deux daïras M’Chedallah et Ath Ouacif, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, sachant que cette route constitue un apport considérable en matière d’échanges commerciaux des deux versants du Djurdjura,j ajouté à un désastre écologique sans précédent perpétré sur ces sites paradisiaques, classées patrimoine mondial sachant que celui de Tikjda a subi le même sort. Des géologues bien au fait de cette situation affirment que le pire est à venir avec l’arrivée prochaine de la saison humide et ses perturbations climatiques qui achèveront l’œuvre destructrice de l’homme en fragilisant encore davantage la masse rocheuse et qu’il faut s’attendre à de nombreux mouvements géologiques d’envergure sur cette partie sinistrée de la montagne dès les premières averses de l’automne, qui enclencheront le processus de refroidissement. Ce qui amène à conclure que le village Imesdhourar, situé au pied de ce flanc de montagne qui est surplombé par de terrifiants rochers dénudés par l’érosion avec une base fragilisée par le feu, risque d’être enseveli à tout moment et qu’il revient aux autorités de déclencher immédiatement une étude et un constat de l’état des lieux pour palier à toutes les éventualités. Des élus de l’APC de Saharidj, rencontrés au niveau du bureau du secrétaire général de la daïra, ne cachent pas leur inquiétude de voir une catastrophe se produire à tout moment en ces lieux. A noter sur un autre volet que le créneau de l’élevage bovin a été atteint de plein fouet par cette catastrophe avec les légendaires parcours du pâturage d’Izerouel, Agni N’Bouzid, Agni Lahoua, Assouel et Tikjda et Tirourda en partie ravagés par la vague d’incendies qui n’a épargné aucun de ces espaces servant de pâturage bovin et caprin à la majorité des éleveurs de haute Kabylie depuis la nuit des temps, durant la période de transhumance, qui va du début à la fin de la saison estivale. Une période qui s’étale sur 6 mois. De plus, à cause de ces avalanches évoquées, ce cheptel n’est plus libre de circuler à l’aise et doit être tenu éloigné des lieux où il y a risque de chutes de rochers, ce qui réduit sensiblement ces parcours de pâturage et qui augmente en même temps le risque de famine du cheptel qui doit en plus être soumis à une garde H24 pour l’empêcher de s’approcher des lieux dangereux. Disons pour conclure que cette série de retombées néfastes conséquentes de la vague d’incendies qui ont ravagé la Kabylie et qui y sévissent encore ne sont que les signes avant coureur de ce qui s’en suivra durant l’hiver prochain, avec le risque de voir un tronçon de 15km de la RN30 carrément effacé de la carte géographique, comme l’ont été les légendaires cédraies et les pépinières de pins noirs. Deux espèces d’arbres millénaires protégées, qui ne sont désormais plus qu’un vieux souvenir.

Oulaid Soualah

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