Certes, les prix des fruits n’ont cessé de flamber et ça dure encore, seulement, la palme d’or est allègrement en train d’être remportée par la figue fraîche. Peu avant la fête de l’Aïd, elle était cédée entre cent et cent vingt dinars, mais ces derniers jours, elle a atteint les deux cents dinars. Nous avons cherché à en comprendre les raisons. Tout d’abord, il faut le dire, la récolte n’est pas abondante. « C’est la plus mauvaise saison de ces dernières années. Il faut faire le tour de plusieurs figuiers pour cueillir quelques figues », nous a expliqué un fellah sur les hauteurs de Draâ El-Mizan et plus précisément au village El Anseur. Et d’enchaîner: « Il est facile de constater qu’il n’y a pas une régénération des figueraies. A ce rythme, dans quelques années, ce fruit deviendra très rare ». Nous avons également remarqué que les quelques kilos qui arrivent sur les étals du marché sont exposés par des enfants. On croit savoir que ces petits maraudeurs les voleraient des figueraies à l’aube. « Nous ne pouvons quand même monter la garde pour quelques figues. Et il y a des voleurs qui agissent même la nuit. C’est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur dans les villages », ajoutera notre premier interlocuteur. La figue fraîche se fait donc rare, même là où elle était très abondante l’an dernier. Les claies réservées au séchage de ce fruit demeurent rangées dans les cabanes. « Pour cette année, le prix du kilo de figues sèches dépassera largement les cinq cents dinars. Ici dans notre village, le meilleur d’entre nous n’a pas récolté plus d’une vingtaine de kilos », nous affirmera le même paysan. C’est le même constat qui est fait concernant la figue de barbarie. Les dernières se vendent jusqu’à cent cinquante dinars le kilo. Sa récolte n’est pas fameuse non plus.
Cet état de fait trouve son explication dans le fait que la plupart des cactus ont été décimés par la neige de l’hiver dernier. Seul le village Laâziv N’Cheikh, connu pour ces belles figues de barbarie, a vu sa récolte échapper à l’hécatombe, sinon ailleurs, dans toute la région, c’est deux fois rien. Disons enfin, que ces deux fruits, en plus de l’olive étant l’essentiel du patrimoine et de la richesse agricole dans la région, il serait plus que temps de lancer des programmes d’intensification de leur culture. Ce sont des ressources primordiales pour les habitants de la haute montagne.
Amar Ouramdane