Ils sont nombreux les praticiens de la santé publique à Bgayet à considérer que la réforme telle qu’esquissée avec comme visée sublimimale et non moins approximative la “contractualisation” ne manquera pas de conduire au reniement des fondements doctrinaux de notre système de santé. Ceux-ci ayant pour socle la protection et la promotion de la santé publique. Cela au moment où commence à s’effilocher la politique de la gratuité des soins, accusée d’être la source de tous les maux. “Ces dix dernières années, on a assisté à une dérive vers les soins souvent plus coûteux et inappropriés”, estime un médecin d’Akbou. Et de s’interroger : “sur quels argument s’appuie-t-on pour cibler les soins d’hospitalisation au détriment des soins de base ?” Pendant que les structures de soins de base implantées en zone rurale tournent au ralenti, force est de relever qu’il y a surmédicalisation et personnel pléthorique en ville. Autant donc les soins primaires sont frappés de désaffection, autant la demande de soins dans les hôpitaux est devenue explosive. L’effort d’investissement déployé ces dernières années par l’Etat en dotant une dizaine de polycliniques de points d’urgence, n’a semble-t-il, pas réussi à infléchir la tendance. Le citoyen lui, n’arrive pas à se dépêtrer de son réflexe, face à une urgence médicale, d’acheminer son malade vers l’hôpital en dépit de l’existence d’une structure de proximité capable de le prendre en charge. Face à la résurgence de tous les fléaux insidieux qui menacent la société, les professionnels de la santé conviennent qu’il est impératif de réhabiliter les soins de proximité en privilégiant l’approche préventive au détriment du “tout curatif” : “Nous sommes en train de tomber dans une médication à outrance en multipliant le Bilans, actes et prescriptions face à des maux beaucoup plus sociaux”, constate notre interlocuteur. Les soins de base sont considérés comme la pierre angulaire de toute réforme du système de santé. L’Etat doit donner le primat aux programmes élargis de vaccination et améliorer l’accessibilité aux soins des couches sociales les plus démunies. A l’échelon communal, l’indispensable mise en branle de programmes d’action sanitaire qui ne dépendent pas du secteur médical mais qui ont un impact direct sur la santé publique, participe de la même démarche préventive. L’alimentation en eau potable, l’assainissement du contrôle de la qualité des produits alimentaires la lutte antivectorielle et contre toutes les sources de nuisance, relèvent de la responsabilité de la collectivité locale. Que peut bien faire, en effet un médecin contre toutes ces maladies dont le contrôle dépend de l’entretien d’une banale canalisation d’eau ? Par ailleurs, les Bureaux communaux d’hygiène (BCH) outils opérationnels de base des principaux programmes de prévention peuvent jouer un rôle très actif dans ce domaine. Hélas, dans bien des cas, ils demeurent dans l’organigramme des APC-disons-le- un appendice plutôt dérangeant pour les exécutifs communaux, mettant à nu négligences et incompétences.
Nacer Maouche
