Le FFS en conquérant

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A Tizi Ouzou, à l’épreuve de l’ancrage

De fait, et même si certains observateurs annoncent déjà une impitoyable concurrence du FLN et des indépendants dans certaines circonscriptions, le FFS pourrait tout de même s’appuyer sur son électorat, qu’on connaît fidèle et discipliné, pour réussir l’objectif qu’il s’est fixé. Un électorat qui, il faut le rappeler, a permis au plus vieux parti de l’opposition de dominer toutes les élections municipales auxquelles il a pris part en Kabylie depuis 1997.En se rapprochant des structures et des militants du parti, au chef-lieu et dans certaines communes de la wilaya, il nous a été donné de constater que les préparatifs de l’échéance vont bon train. Passé la petite tempête suscitée par la clôture définitive des listes, le FFS s’est définitivement mis dans le bain électoral. Au siège de la fédération, à Tizi, l’ambiance ne trompe pas. Elle révèle même une certaine assurance. Le local est inondé de monde. Les cadres du parti se mêlent aux militants et aux sympathisants jusqu’à s’adonner à des tâches communes. Par moments, c’est le branle bas de combat dans les salles et les couloirs de l’enceinte. De jeunes militants, qui ont tout l’air d’être des étudiants, font d’interminables aller-retour, des paquets de feuilles en main. Tout les présents semblent adhérer à la même dynamique. Il faut dire que le parti d’Aït Ahmed a mis le paquet sur cette précampagne. Sur place, nous apprenons que le parti a dores et déjà installé des directoires de campagne dans chacune des 63 communes où le FFS se présente. Les cadres et les militants y travaillent en parfaite assonance avec les candidats en vue de peaufiner tous les détails organisationnels relatifs au scrutin. La fédération du FFS s’attelle, pour sa part, à coordonner toutes ces actions et à orienter les candidats dans les démarches qui leur paraissaient osées ou complexes. Ce même directoire aura également, apprend-t-on encore, à tracer un minutieux programme de campagne électorale. De fait, un planning de toutes les sorties publiques du parti (meetings, conférences, caravanes, etc…) sera incessamment mis sur pied.

Des listes rajeunies et compétentes, l’autre atout“Pour nous, les choses n’ont jamais été aussi claires : c’est avec un esprit de conquérant que nous abordons cette échéances électorale. Nous y participons avec la ferme intention de rafler la plupart des municipalités et d’obtenir une majorité confortable à l’assemblée wilayas. N’oublions surtout pas qu’il s’agit là de notre bastion, alors il n’y a aucun doute à se faire quant à nos ambitions. Du coup, on s’y prépare avec sérénité et beaucoup de confiance. Toutefois, les calculs d’épiciers on préfère les mettre de côté, et laissons les rêveurs à leurs affabulations…”. C’est en ces termes qu’un responsable du FFS résume les visées électorales de son parti pour cette consultation partielle. Des visées qui, aussi ambitieuses qu’elles puissent paraître, s’appuient sur un tas d’éléments, concrets et objectifs, que des analystes estiment suffisants pour sceller le sort de ce scrutin. Il y a tout d’abord cet énorme potentiel électoral sur lequel le FFS peut compter et qui lui a toujours permis de s’imposer en de pareilles consultations électorales. Un potentiel qui est, en plus de sa régularité, connu pour son réflexe systématique de rompre avec sa somnolence à chaque échéance électorale. De plus, le FFS peut compter, pour ce scrutin, sur des listes de candidats qu’on annonce très étoffées. Selon les informations en notre possession, le plus vieux parti de l’opposition présentera une liste APW sous forme de mixture des élus du précédent mandat (écourté) et d’une équipe ambitieuse de jeunes universitaires. Le rejeunissement, nous dit-on encore, touchera également les candidats aux APC puisque l’écrasante majorité des têtes de liste auraient moins de 40 ans. Mais le parti d’Aït Ahmed ne compte pas se limiter à cela. A en croire certaines indiscrétions, la quasi-totalité des candidats FFS à la présidence des municipalités sont titulaires de diplômes universitaires. Le parti semble agir dans la continuité par rapport aux dernières élections locales où il a pu faire élire les plus jeunes maires de la wilaya, à l’image de ceux de Béni Yenni, Larbaâ Nath Irathen, Iboudrarene, ou encore Tizi N’tleta. Au vu de tous ces éléments, on conçoit mieux pourquoi le parti s’est fixé d’aussi larges perspectives, lesquelles, compte tenu du l’ancrage politique du FFS en Kabylie, seraient tout à fait compréhensibles, sinon légitimes. La seule déception que le parti a dû encaisser, c’est qu’il n’a pas pu se présenter dans quatre communes. Une “défaillance” que les responsables du parti ont expliqué par le fait qu’il ont été prix de court et qui n’est aucunement dûe à une “pénurie” de candidats. Il faut souligner à ce propos que le FFS était le dernier parti actuellement en lice à annoncer sa participation à ces partielles, donc c’est le parti qui a bénéficié de moins de temps que ses concurrents pour peaufiner ses listes et choisir ses candidats. Un fait que le FFS continue toujours de mettre en avant, notamment pour expliquer la supériorité numérique du FLN (présent dans 67 communes sur 67) lequel, soutiennent nos interlocuteurs, a bien géré son statut de juge et partie dans l’affaire de la dissolution des assemblées locales de Kabylie, pour pouvoir prendre une longueur d’avance sur ses adversaires.

Une domination historiqueDe toutes les élections auxquelles il a pris part en Kabylie, le FFS est toujours sorti vainqueur. Exception faite des législatives de 1997, où il a été contraint au partage des 14 sièges de députés avec son rival, le RCD, le parti d’Aït Ahmed avait dominé toutes les autres échéances. En octobre 2002, lors des élections locales les plus mouvementées de l’histoire de la Kabylie, le FFS a réussi à rafler quoi que l’on puisse encore dire aujourd’hui 90% des communes votantes de la wilaya. On n’a enregistré, certes, qu’un votant sur 20 dans la wilaya de Tizi Ouzou (pour 95% d’inscrits qui ont tourné le dos aux urnes), mais le FFS a tout de même mis la main sur 27 APC sur les 33 où le vote a eu lieu. Avant cela, la mémoire collective des Kabyles se souvient assurément du spectaculaire ras de marée que le parti a réalisé lors des législatives de 1991, où il s’est imposé dans 21 circonscriptions élecotrales sur les 22 existantes à Tizi Ouzou. Le RCD, son concurrent direct, n’y a vu que du feu. C’est à peine s’il a “réussi” à se retrouver en ballottage contre un candidat FFS dans la 22ème et dernière circonscription. Après une participation relativement décevante aux législatives de 1997, le FFS a refait le même coup à l’occasion de la première élection municipale à laquelle il se présente (celle de 1990 ayant été boycottée) c’était en 1997. Après les dépouillements définitifs, le plus vieux parti de l’opposition s’est adjugé 56 APC sur 67. Ses adversaire, politiques n’en revenaient pas. L’effet “FFS” leur était toujours aussi dévastateur. De fait, on serait presque tenté de dire que, pour des raisons strictement historiques, la Kabylie (re) voterait FFS. Ça ne sera pas tout à fait faux, mais le parti devrait, au préalable, éviter de tomber dans l’excès de confiance, et se prémunir contre certain faits qui risquent de lui fausser quelques-uns de ses calcul. Le parti devrait donc essayer de séduire ce nouveau électorat kabyle, jeune et aux caprices politiques constamment changeants pour éviter que ce dernier lui joue les troubles fêtes. Aussi, une forte abstention des électeurs pourrait bien propulser des listes de candidats aux dépens de celles des favoris, chose qui ferait perdre au parti certaines circonscriptions, à plus forte raison que l’électeur kabyle n’est pas connu pour être le plus féru du pays. Quoi qu’il en soit, il serait réaliste de dire que ces deux détails n’empêcheront certainement pas le FFS de déguster sa énième victoire électorale en Kabylie.

Ahmed Benabi

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