L’Espoir vert tire la sonnette d’alarme

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Selloum, agglomération abritant 4000 âmes et située à mi-chemin entre Chorfa et Takerboust, en bordure de la RN15, a été rattachée, au dernier découpage administratif, à la commune d’Aghbalou, l’une des plus pauvres municipalités de la wilaya car située en haute montagne sans aucune autre ressource que le budget qui lui est attribué par l’état.

Sur le plan démographique, Selloum est le 2eme plus grand village de cette commune, après Takerboust, le chef-lieu, d’où une accumulation de contraintes liées à l’environnement et des retombées inquiétantes sur le cadre de vie de la population. Cela a fait réagir l’association écologique baptisée l’« Espoir vert » qui a décidé de tirer la sonnette d’alarme en voyant le village submergé au sens le plus large du terme, par des amoncellements d’ordures ménagères dont le ramassage a subitement cessé selon les membres du bureau de cette association, « depuis la dernière semaine du mois de Ramadhan ». Le président de l’association, Kamel Saadi, tire la sonnette d’alarme : « Notre village croule réellement sous les innombrables dépotoirs sauvages et d’autres amoncellements d’ordures qui pourrissent rapidement, sous l’effet d’une longue et persistante canicule, la pollution enveloppe le village comme dans une serre, on suffoque ». Une randonnée pédestre à travers un dédale de ruelles étroites de Selloum, en compagnie des membres de l’association écologique et de quelques notables, permet de relever qu’il y a urgence à ce que soient pris en charge ces envahissants détritus qui n’épargnent ni les deux écoles primaires, ni la mosquée et encore moins les deux cimetières.

Un dépotoir à 10 mètres d’une école !

Et plus grave encore, une fontaine publique, récemment aménagée par l’association avec ses moyens propres et autour de laquelle s’agglutinent femmes et enfants, jerricanes en main, est surplombée par un repoussant dépotoir d’où montent d’insupportables odeurs nauséabondes. Nul besoin d’une quelconque analyse laborantine pour conclure que cette fontaine subit sa part de pollution, au même titre que la cantine de l’école primaire Chergui Ali, qui fait face à un autre dépotoir à moins de 10m, une décharge sauvage quotidiennement « approvisionnée » par de nombreux arrivages d’ordures. Cela, pour ne citer que les cas les plus révoltants qui nécessitent une intervention urgente des services d’hygiène de la commune et ceux de la prévention relevant de l’EPSP d’Ahnif, dont il a été relevé au passage, que l’unité de soins de Selloum a enregistré une rupture d’alimentation en eau potable depuis 20 jours à cause d’un branchement anarchique qu’on a constaté de visu. Au niveau de l’ancien quartier Thaderth, les résidents ont procédé à des opérations de nettoyage des rues et ruelles, seulement, la « récolte » de cette action de volontariat est allée paradoxalement grossir ces dépotoirs évoqués, qui attendent depuis un mois pour être enlevés et évacués vers la décharge publique. Nous avons appris qu’en temps ordinaire, l’effectif chargé du nettoyage et de l’évacuation des ordures de ce village se résume à un seul éboueur et à un camion de 2,5 tonnes de type K66. Des moyens dérisoires par rapport au volume des déchets ménagers de la localité. Lors de notre déplacement, lundi dernier, nous avons constaté que même la RN15 n’a pas été épargnée avec ses accotements lugubrement décorés par d’infinis alignements de tas d’ordures. Les réseaux d’AEP, détériorés et dénudés par l’érosion, sont presque en totalité usés, et une partie de la conduite du réseau principal en PEHD, à proximité de l’école, est posée directement dans le fossé d’évacuation et plongée sur environs 4m dans une eau trouble et stagnante, émanant d’une avarie sur le réseau d’assainissement qu’elle traverse. Des points noirs semblables sont tellement nombreux à Selloum qu’ils ne peuvent être décrits d’une seule traite, ni résumés dans un seul article. Notons, cependant, un cas des plus effrayants est celui du quartier Akhnak, menacé par une terrifiante avancée d’un précipice de quelques 100m de profondeur, dont la base un ruisseau, Assif Lgazouz, qui descend presque à pic des hauteurs de Thirourdha et qui enregistre de violentes crues en hiver, comme en témoignent les énormes rochers charriés par ces crues qui jonchent le lit de l’oued qui s’attaquent à la base de ce précipice qui constitue un véritable piège pour les piétons. Un ridicule cube de béton, réalisé à la base du précipice en guise de mur de soutènement, ne sert que de témoin de l’inutile gaspillage d’argent du contribuable. Nul besoin d’être architecte ou géologue pour conclure que le pâté de maisons voisin se retrouverait…dans le ruisseau à la moindre secousse tellurique ou à la moindre violente manifestation de catastrophe naturelle. C’est un autre cas sur lequel doivent se pencher les spécialistes en la matière, pour prendre les mesures qui s’imposent avant le prochain hiver.

Oulaid Soualah

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