La Dépêche de Kabylie : Pourriez-vous nous exprimer votre avis sur la rentrée scolaire ?
A. Idir : C’est une rentrée scolaire qui s’est faite avec un retard de réalisation de 600 établissements dont une centaine seulement sera livrée d’ici la fin 2012, en plus du manque de postes budgétaires évalués à près de 5000, notamment dans les filières des langues et des mathématiques. D’ailleurs près de 70% des élèves n’ont pas encore commencé les cours alors que la rentrée a eu lieu depuis plus d’une semaine.
Et pourtant le secteur de l’enseignement vient de procéder à un recrutement très important d’enseignants des trois paliers ?
C’est insignifiant par rapport aux besoins réels, sachant que l’algérianisation de l’enseignement a commencé au début des années 80, ce qui implique que le départ à la retraite de cette catégorie commence cette année et qu’il faudra par conséquent la remplacer. Le manque en enseignants est beaucoup plus important.
Donc encore une fois, l’année scolaire sera perturbée ?
Absolument. En plus de ces problèmes, cette année nous vivrons un autre problème lié aux adjoints d’éducation qui n’assurent plus la fonction pédagogique. Leur absence sur le terrain remettra en cause l’assiduité des élèves, ajoutez à cela le phénomène de violence qui augmentera et la surcharge des classes. Le tout fera aboutir à une augmentation des dépôts de congés de maladie par les enseignants, ce qui fera passer le taux d’absences, pour cause de maladie, à peut être 15% alors qu’il variait entre 5 et 10 % les années précédentes. Tout ceci influera encore sur la pédagogie et retardera ainsi la réalisation des programmes.
Et votre avis sur le nouveau ministre de l’Education nationale ?
A mon sens, ce n’est qu’un changement de personne et cette dernière ne peut changer le système éducatif à elle seule. Peut-on construire des structures scolaires et recruter des enseignants en une année ? Toutefois on peut évaluer le nouveau ministre sur la base de la feuille de route qu’il nous présentera, laquelle donnera un aperçu sur son projet de l’école de demain. Mais apparemment, dans ses discours, il parle de continuité. Laquelle ? Le travail de son prédécesseur a été catastrophique.
Que doit faire l’Etat pour mettre fin aux multiples grèves déclenchées chaque année par les syndicats des enseignants ?
Il suffit que les décideurs répondent favorablement à toutes les doléances des différentes corporations de l’enseignement, soulevées depuis 2003. Si les mêmes conditions de travail sont maintenues et ne sont pas améliorées, les mêmes mouvements de protestation surviendront toujours.
Entretien réalisé par
A. Gana

