Les citoyens s’insurgent !

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A-t-on déjà vu un projet de bitumage commencer par les deux bouts de la route, alors que le milieu, qui traverse les agglomérations, reste en l’état ? Cela se passe à Barbacha.

L’opération de revêtement de la route qui mène de Tibkirth à Assif ou Massine, long de 4 km, a dû battre depuis longtemps tous les records de délais. Les travaux ont commencé au mois d’avril dernier, les deux mois prévus initialement pour sa réalisation ont été rallongés à six et les travaux ont même été arrêtés et n’ont toujours pas repris à ce jour. 1 km réalisé en 5 mois, un véritable exploit ! Un exploit qui n’honore pas ses auteurs. Les 15 000 habitants des 9 villages concernés, ajoutés aux usagers qui empruntent cet axe pour se rendre à Sétif, sont fortement pénalisés par son état de dégradation avancé. Hocine B, qui emprunte cette route depuis 15 ans pour se rendre à Béni Ouartilane tonnera : « C’est déplorable de laisser cette route ainsi. Même les travaux de base n’ont pas été effectués. Il nous faut maintenant acheter des tracteurs pour pouvoir circuler ». Il est vrai que la route est très difficile à emprunter, d’autant plus qu’elle est très sinueuse et les risques de dérapage sont importants notamment les jours de pluie. Dalil Bekka, un jeune de 20 ans ironise : « Je passe plus de temps sur cette route que chez moi, à elle seule, elle pourrait me décider à quitter le pays en harraga. Que nous importe qui est responsable de cette « boue », nous savons juste que le destin n’y est pour rien, il n’est pas directeur de travaux ». Sofiane enchaîne en disant : « Que ce soit de la faute du maire, du chef de daïra, du DTP, du wali ou le vieux coiffeur de Khellil, pour nous le problème est le même : sur cette route nous faisons de l’alpinisme au lieu de marcher ». Fayçal F. très impliqué dans la gestion de sa « cité » lui coupe la parole : « En tous les cas ce n’est pas avec des chaussures pleines de boue que nous irons voter ! ». La colère même emprunte d’humour est plus que sensible. Les citoyens se demandent comment un projet aussi insignifiant, mais ô combien utile, pour lequel un maitre d’œuvre a été désigné le budget correspondant débloqué se trouve- t-il en otage. Les «ravisseurs» sont désignés en bloc par la population « Le Maire, le Chef de Daïra, le DTP et même le wali. Lounes Allal. Propriétaire d’une maison qui surplombe la route, un sourire narquois aux lèvres raconte : « L’opération de soutènement de ma maison a commencé il y a de cela cinq mois elle nécessite cinq malheureuses rangées de Gabionnage. Le terrain a bougé et mon habitation menace de se retrouver sur la route, la bêtise humaine empêche toujours de dormir. Et dire que le Chef de Daïra qui a sur son bureau trois PV s’est déplacé plusieurs fois sur ce chantier qui ne doit pas porter ce nom puisqu’il n’en est pas un, et ce, au même titre que le Président de l’APC, le DTP qui tous s’indignent sur les lieux avant de disparaitre au fond de leurs bureaux-forteresses » Toutes les démarches auprès de toutes les autorités concernées ont été entreprises, le Maitre d’œuvre, est recherché comme une aiguille dans un baril de bitume bouillon, selon les citoyens, elles se sont entendues pour pleurer en chœur des larmes de crocodile et disparaitre ensemble comme des prestidigitateurs. Laâla Bouchama : Vieil habitant de Timricht Oukebi n’hésite pas à tirer à boulets rouges sur le maitre d’œuvre : « Il ne veut pas nous parler ni nous expliquer la situation. Ses employés et ses machines ont été déplacés sur un autre chantier depuis plus de deux mois. Doit-on s’adresser au Président de la République pour 4 malheureux km de bitume ? À quoi veut-on nous pousser ? Nous ne scanderons plus qu’un seul slogan dorénavant : « Libérez notre route ! ». Si les citoyens appellent l’entreprise en question à la reprise des travaux et ne cessent d’attendre un sursaut des autorités, ils ne manquent pas de menacer : « Non nous ne menaçons pas, nous promettons. Nous allons recourir à des actions pour faire-valoir notre droit. Nous avons épuisé les manières civilisées, nous allons nous faire entendre autrement. Si d’ici la fin septembre, on s’entête à nous mépriser, nous n’aurons d’autres choix que de recourir aux solutions auxquelles nous n’avons jamais voulu arriver. Nous barrerons la route jusqu’au retour du maître d’œuvre ou de son remplaçant et la reprise effective des travaux. Par ailleurs, nous envisageons de nous rassembler chaque mardi, jour de marché devant les sièges de l’APC et de la Daïra. Au-delà de la route ce qu’il nous est difficile d’admettre c’est ce mépris qu’on oppose à notre revendication pourtant juste et justifiée ». Un seul souhait, que ces villages de Barbacha et la raison reprennent… la route.

Ahmed A

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