Les forgerons ambulants Targuis de retour

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Des forgerons ambulants, originaires de sud du pays, se sont manifestés, comme à chaque approche de l’Aïd El Adha, en s’éparpillant à travers les centres urbains de la daïra de M’Chedallah pour proposer aux citoyens toute une gamme d’outils indispensables pour égorger, dépecer et découper le mouton sacrifié durant cette fête religieuse. Ils sont environ une douzaine, cette année, à se départager les agglomérations de la région, par équipe de 2 à 3 personnes, et cela depuis la 2ème semaine du mois en cours. Etant déjà venus l’année dernière, et par conséquent connaissant déjà les lieux, ils n’ont éprouvé aucune difficulté à trouver le bon endroit pour s’y installer, reprenant leurs places de l’année précédente, en plein centre du village ou de la ville. Ces artisans forgerons sont d’une incroyable agilité munis d’un simple équipement composé d’un marteau, d’une petite enclume enfoncée dans le sol, des tenailles à manches longues, un chalumeau alimenté par une bonbonne de gaz butane dont la flamme est braquée sur un petit tas de gravier constituant un four où est chauffé le fer à forger et à façonner selon la commande, avec des gestes d’une impressionnante précision. Le morceau de fer prend rapidement forme, entre leurs doigts, pour devenir un couteau, un poignard, une hache ou hachette livrés avec une lame très aiguisée. Peu bavards, ces jeunes, d’une déconcertante gentillesse, répondent, bien que très brièvement, à nos questions. Nous apprenons, de ce fait, qu’ils sont des berbères du Touat et qu’ils ne se sentent nullement dépaysés malgré les 2000 Km qui les séparent de leur région. Bien au contraire, ils affirment qu’ils sont tout à fait à l’aise en Kabylie où ils se sentent parmi leurs frères. La seule question à laquelle ils répondent par un sourire, et sans plus, est celle relative à leur gains quotidiens, en nous détaillant, cependant, que l’outil le moins cher est cédé à 600DA alors que le plus cher est à 1500DA, et qu’ils gagnent bien leur vie durant ces quelques semaines qu’ils passent dans la région, ajoutant que leur produits s’écoulent rapidement. Assis à même le sol, il se dégage de leurs gestes une impressionnante force tranquille, ils travaillent, du matin au soir, sous le regard attentif d’une foule qui ne perd rien de leurs gestes et qui leur tient compagnie jusqu’à la fin de la journée sans jamais les embêter. Leur courage, leur volonté et, surtout, leur endurance leur a valu respect et admiration de la part de la population locale qui les a rapidement adoptés.

Oulaid Soualah

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