C’est en fin de la semaine passée, après que le temps soit devenu un peu plus clément, que les habitants de Tifra se sont pliés à l’éternel rite du premier jour du printemps. Célébrée généralement le 1er mars de chaque année, cette fête du printemps est l’occasion pour les familles de partager un repas dit «seksou uderyès», un couscous cuit à la vapeur de la tapséa garganica, cette plante à laquelle on attribue des vertus curatives multiples. C’est tôt le matin de ce vendredi que certains paysans se sont rendus aux champs pour cueillir les racines d’uderyès et faire provision de feuilles de certains arbres et arbustes tels que : caroubier, lentisque, myrte, lavande… qui serviront à la préparation de ce repas de partage. Vu la rareté de la tapséa garganica, il faut parfois faire plusieurs kilomètres pour trouver cette «plante miracle». Mais rien ne décourage les paysans qui tiennent à ce repas comme à la prunelle de leurs yeux. Certains, acculés par le temps, se sont approvisionnés au marché de Sidi Aïch où quelques marchands ambulants proposent en contrepartie de quelques dinars, quelques racines de cette plante et les herbes qui l’accompagnent. Pris, il y a quelques années à 5 heures du matin, ce repas se mange actuellement par la plupart des familles, le soir. A Tifra, à chaque début de printemps, on s’empresse de préparer ce repas miracle qu’on dit purificateur et l’on répète à l’envi : «Tafsut ! Tafsut ! a nedjoudjeg an tafsut !».
Boualem B.