Iouricene, ce village de près de 800 habitants, est l’un des plus peuplés de la tribu d’Ait Bouissi, avec celle d’Ait Ouaret Ouali constituent la commune de Tizi N’Berber. Au pied du mont Issek, se trouve Iouricene, le premier de sept villages longeant le chemin communal de dix-huit kms menant des trois chemins à Ighil Ouis et constituant la communauté des Ait Bouissi. Iwrou sine (a enfanté deux) selon T. Aïssi, et Iwara sine (convient à deux) selon T. Ahmane sont les deux significations proposées pour l’appellation donnée à cette bourgade par leurs ancêtres. Le chemin communal menant à cette région d’Ifaléne, à la limite de carrossable, avait été élargi puis laissé à l’abandon par les ex-élus communaux, causant ainsi son isolement total durant la période des mauvais temps par les éboulements et les glissements de terrains. Par rapport à cela, la population a saisi à maintes reprises les autorités sans qu’aucune suite ne soit réservée à leurs doléances. C’est un véritable S.O.S que lancent Tahar et son cousin Razik pour que cette piste dite chemin communal, soit élargie et revêtue jusqu’à Ighil Ouis pour désenclaver cette région et éviter ainsi l’exode, seule issue trouvée par les habitants pour l’instant. La population, à majorité jeune, est livrée à elle-même dans ce hameau oublié. Seuls quelques fourgons et camionnettes osent assurer fraudulement le transport de ces habitants, lycéens ou travailleurs, à Aokas (chef-lieu de daïra) ou Béjaïa (chef-lieu de wilaya). En dehors de ces travailleurs, heureusement que ce village a enfanté beaucoup d’émigrés qui contribuent grandement à la survie de cette population. Une école primaire de plus de 200 élèves, une antenne administrative gérée par un agent pour l’établissement des documents et une unité de soins avec un seul infirmier, nous rappellent la présence de l’Etat dans cette localité où les loisirs ont été bannis à jamais. Si pour l’électrification, les habitants ne se plaignent pas, il n’en est pas de même pour l’eau qui est débitée rationnellement par rapport au faible diamètre du tuyau acheminant celle-ci du château d’eau principal. Cette situation est paradoxale quant on remarque le nombre de cascades qui se perdent dans la nature. Même s’ils ne sont pas reccordés au central téléphonique, quelques-uns ont le téléphone WWL et d’autres ont le Djezzy dont un relai installé à Ibouchbahéne et face à Iouricene. C’est la seule satisfaction de la population. Le secrétaire de la kasma FLN de Tizi N Berber natif et habitant d’Iouricene, nous déclare sans vouloir faire de la politique, que le désenclavement d’Ifaléne ne peut que rendre espoir à des milliers d’âmes en améliorant leur quotidien et l’Etat réussira ainsi le programme du développement rural initié par la direction des services agricoles de la wilaya de Béjaia au profit du village de Tifernine (situé juste avant Ighil Ouis) dont les travaux sont en cours. A l’instar de la majorité des villages kabyles, situés généralement dans les montagnes et difficilement accessibles, Iouricene crie sa détresse et rappelle qu’il est partie intégrante du territoire algérien.
A.G.
