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Une quarantaine d’analphabètes inscrits

Si la rentrée scolaire s’était déroulée dans des conditions acceptables, pour les élèves scolarisés dans les différents établissements de la commune d’Akbou, il n’en demeure pas moins que ceux qui sont inscrits dans des centres d’alphabétisation sont, jusqu’à maintenant, confrontés à une multitude de problèmes. Ces derniers, majoritairement de sexe féminin, font un parcours du combattant pour apprendre au moins l’alphabet. Ils sont confrontés à mille et un écueil pour s’inscrire au niveau des centres d’alphabétisation, ouverts depuis quelques années dans la localité d’Akbou suite à une convention de l’Office national d’alphabétisation et d’enseignement pour adultes (ONAEA). Plus de 320 élèves s’étaient inscrits, l’an dernier, dans ces centres et ont été encadrés par 17 enseignants. En plus des cours assurés, le travail de ces encadreurs englobe également le volet orientation. L’ONAEA prend en charge des enseignants voulant travailler dans ces centres, uniquement s’ils réussissent à réunir au moins 40 apprenants. Mais, est-ce possible d’en réunir autant dans un village comme Bouzeroual, sachant que faute de sensibilisation, les citoyens ignorent que ce genre d’enseignement existe? Il y a aussi ceux qui ressentent une sorte de honte à oser s’inscrire pour suivre des cours d’alphabétisation. «Dans ces moments de début d’inscriptions, tous les dossiers que j’ai reçu n’ont pas encore atteint le nombre de 40 inscrits. D’ailleurs, une enseignante de Bouzeraouel m’a envoyé hier, une liste de 17 inscrits et elle a volontairement soulevé ce problème. Le nombre oscille entre 15 et 20 inscrits. Mais je suis obligé de les déposer, ainsi, auprès de l’office national, espérant que ces enseignants soient retenus», nous explique M. Loualia Salah, responsable de la formation au sein d’une association locale d’alphabétisation. Comme la plupart des inscrits dans ces centres sont des femmes et des adultes qui habitent dans des villages reculés, les enseignants trouvent également du mal à gérer le problème d’absentéisme. Selon notre interlocuteur, le taux d’absentéisme touche beaucoup plus les femmes au foyer. «La femme, chez nous, a trop de tâches à accomplir, et se trouve, souvent, contrainte à manquer d’assiduité mettant les enseignants dans l’embarras, s’agissant de l’évaluation de leur niveau», dira-t-il. Malgré tous ces écueils, plusieurs personnes se sont illustrées et ont fait exception par une immense volonté de réussir, à l’exemple de Sofiane Azrou, âgé de 25 ans et un handicapé moteur, natif du village de Thazagharet. A l’âge de 21 ans, il a pu s’inscrire dans l’un des premiers centres d’alphabétisation ouverts à Akbou et ce, au sein de l’association Etoile Culturelle d’Akbou. «Comme je n’ai pas pu rejoindre l’école comme les autres garçons de mon âge, je me suis inscrit au centre avec le niveau 1. Et grâce au soutien que j’ai eu, j’ai pu décrocher le BEM, cet année, avec une moyenne de 15,20», nous confie-t-il. Ainsi, Sofiane souhaite poursuivre son cursus scolaire sans ambigüité. Il a d’ailleurs, à maintes reprises, sollicité les services concernés afin de l’aider à s’inscrire dans une école «normale» et avoir une scolarité même avec un peu de retard, «j’ai me suis entretenu avec le wali, lors d’une cérémonie de remise des prix, il y deux ans de cela, je lui ai expliqué ma situation. Il m’a promis de me soutenir auprès des responsables, pour pouvoir m’inscrire dans un lycée, cependant, mon âge ne me l’a pas permis. Je dois fournir encore beaucoup d’efforts pour aller jusqu’au BAC», espère-t-il.

Menad Chalal

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