Akhnak, un village oublié

Partager

Situé à environ 10 kilomètres du chef-lieu de la commune de Seddouk, le village Akhnak manque de tout. Au regard de la dynamique qui caractérise une partie de la commune, les habitants de ce village se disent « lésés et laissés-pour-compte ». Le gaz, l´AEP, l´assainissement, les routes et l´emploi sont autant de doléances soulevées par les citoyens dans de nombreux écrits transmis à l’APC, à la daïra et aux diverses administrations, et « qui sont restés sans suite », selon Salah un citoyen de cette région. «La conduite principale du gaz de ville passe à côté de notre village, on supporte de gros risques en cas d’une fuite, mais on n’a pas droit à cette énergie dans nos foyers. Je peux même dire qu’on sera les derniers servis dans notre commune, puisque aucune étude n’est encore faite pour notre village. La bouteille de gaz, et tous ses aléas, a encore de belles années chez nous. Devant la hausse du prix de la bouteille de gaz en hiver où la consommation est très importante, certains pères de familles pauvres bravent le danger en allant ramasser du bois dans la forêt », a déclaré notre interlocuteur avec une pointe de colère. Il évoquera, ensuite, le problème de la décharge. « Il y a environ quatre ans, l’APC n’a pas trouvé mieux que d’implanter une décharge publique a proximité de nos vergers et au centre d’un vaste terrain utile pour la création d’une zone d’activité qui résorberait le chômage et procurerait des ressources pour la municipalité. Une décharge laissée à l’air libre, sans clôture ni entretien, malgré nos diverses doléances. Résultats, les emballages perdus en plastique et en carton débordent vers les parcelles agricoles. Lors des incinérations, les fumées pénètrent même dans nos foyers», a-t-il souligné. Le manque d´eau est une autre misère qui complique la vie quotidienne des habitants, « à chaque fois que nous réclamons une équitable distribution d’eau, on nous sort cette promesse de raccorder notre village au réseau de transfert depuis le barrage de Tichy Haf, ce qui mettrait fin aux pénuries. Mais, en attendant, nos robinets sont à sec depuis belle lurette. En été une citerne d´eau potable est livrée au prix de 1200 DA », fera t-il remarqué. Il continue son récit en mettant en exergue l’état piteux des routes et ruelles du village, « le pont situé à l’entrée résume à lui seul la marginalisation de notre village. Pendant qu’en ville et dans certains villages, l’APC procède à la réfection des routes et des trottoirs, nous, les habitants d’Akhenak, pour sortir ou rentrer au village en voiture, nous empruntons un pont très étroit, datant de la colonisation et permettant le passage d’un seul véhicule. Combien de véhicules ont chuté dans l’oued Thassift », a dénoncé notre interlocuteur. Akhenak était appelé autrefois la « province verte » pour ses magnifiques jardins. L’agriculture reste d’ailleurs la seule activité économique du village. Les produits agricoles de la région sont réputés être bios et sont très demandés au niveau des marchés des localités environnantes. Mais, ne bénéficiant pas de programmes de développement, l’agriculture, aujourd’hui, continue à être pratiquée de manière traditionnelle et se résume à nourrir quelques familles. Pourtant, malgré les déboires, les villageois continuent à croire en l´avenir, eux qui souffrent du sous développement. L´inscription de plusieurs projets d´utilité publique sortiront certainement le village de son isolement et mettront un terme à des années d´oubli et de marginalisation. Pour ce faire, les villageois luttent inlassablement, en comptant sur leur solidarité pour se sortir du cercle de la misère et des privations qui leur sont imposées depuis des années.

L.Beddar

Partager