Les citoyens dans le désarroi

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Le glissement de terrain d’Aarkouv, l’un des plus anciens quartiers du vieux village Ath Ivrahim, est, en fait, un effroyable mouvement géologique survenu en 2010, suite aux violentes perturbations climatiques de l’hiver (chutes de neige et de pluie). 

C’est pratiquement toute la partie du flanc Est de cette haute colline, sur laquelle a été bâti ce quartier, qui a glissé vers le ravin, profond de quelques 100m. Bien plus grave, les énormes amoncellements de terre parvenus dans le lit du ruisseau, ont formé une authentique digue qui retient les eaux pluviales, drainées par le ravin long d’environ 4km, ajoutées à 2 importants rejets d’assainissement de pas moins de 3 quartiers situés sur la partie supérieure du village. L’accumulation de tout ce liquide a formé une mare de 4m de profondeur sur 60m en longueur. Une énorme masse d’eau qui fragilise d’avantage la base de la colline, menaçant même les maisons situées en aval des deux cotés du ruisseau, en plus du tronçon de la route qui l’enjambe, reliant ce village à la ville de M’Chedallah. L’eau s’est échappée par simple infiltration et a mis plusieurs mois après la fin de l’hiver pour diminuer de volume, il aurait suffi que la fragile digue lâche pour voir cette énorme masse d’eau tout emporter sur son passage, de plus, l’état gravitaire en ces lieux est fort accentué car situé sur une pente assez raide. 

Cet effrayant état de fait risque de se rééditer le prochain hiver. La menace sera beaucoup plus sérieuse, sachant que ce mouvement géologique est toujours en activité continue, comme le confirment les nouvelles fissures profondes qui parcourent le long de la partie supérieure du terrain. Ces craquelures qui s’allongent et s’élargissent, sans répit, sont visibles, à l’heure actuelle, entre les habitations dont les plus proches sont à peine à 20m du précipice qui s’est formé lors de ce glissement de terrain. Un affaissement qui a entraîné des oliviers, plusieurs fois, centenaires qui ont été complètement déracinés et retournés souches en l’air. D’autres oliviers ont, quant à eux, été littéralement engloutis par les terres mouvantes et il n’en reste que les cimes, alors qu’ils avaient à l’origine plus de 15 m de hauteur. 

Un collectif des résidents de ce quartier a lancé une fois de plus, un appel de détresse aux hautes autorités du pays, pour se pencher sur ce cas relaté avant l’arrivée de l’hiver. Ces malheureux citoyens racontent que la moindre perturbation atmosphérique provoque la panique au sein de leurs familles traumatisées, qui vivent en état d’alerte permanente. Rabah et Belkacem, dont les maisons sont les plus exposées, racontent que leurs enfants ont le sommeil agité depuis cette catastrophe et sursautent au moindre bruit. Eux même, avec tous les hommes du quartier font le guet, à tour de rôle, durant la nuit. « Nous ne pouvons plus continuer ainsi », s’exclament-ils à l’unisson, « il faut mettre fin à cette intenable situation. Qu’on nous communique, au moins, les résultats des études effectuées par les commissions techniques, pour être fixés sur notre sort et celui de ce terrifiant mouvement qui a fait que tous les résidents du quartier se sentent en danger ».

Sur les lieux, il est aisé de constater, de visu, la nécessité absolue de palier au plus urgent, en pratiquant une ouverture dans la terre qui retient l’eau, pour empêcher une nouvelle accumulation dangereuse. Une opération aisée à réaliser, car l’accès étant facile pour un engin de travaux publics, qui mettrait moins d’une journée pour pratiquer cette indispensable brèche par laquelle pourrait s’échapper l’eau. Nous apprendrons qu’une nouvelle commission de wilaya s’est, une fois de plus, rendue sur les lieux, jeudi dernier, et que les citoyens attendent que leur soient communiqués les résultats et les conclusions auxquels cette commission a abouti.

               

Oulaid Soualah  

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