«Atteindre les 1/4 de finale à la CAN 2013 serait un bon résultat»

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Après sa victoire face à la Libye, le 14 octobre dernier, pour le compte de la dernière journée des éliminatoires de la CAN 2013, l’Algérie s’est qualifiée et se rendra, donc, en Afrique du Sud.

Vahid Halilhodzic, qui a pris les rênes de la sélection algérienne en juin 2011, a atteint son premier objectif. Il revient, dans cet entretien accordé à RFI, sur ses 17 mois de travail avec les Fennecs et sur la suite de son parcours.

Voilà votre premier objectif atteint, l’Algérie est qualifiée pour la CAN 2013, quel est votre état d’esprit ?

Nous sommes tous très heureux de ce résultat. Cette qualification est un succès et nous avons joué avec efficacité. Après des mois de travail comme entraîneur, je suis plus que satisfait.

Comment analysez-vous ces deux victoires face à la Libye ?

C’était deux matches très compliqués et on le savait. C’est tout de même une équipe qui possède pas mal de qualités. Ils ont quand même battu des équipes comme le Cameroun et le Sénégal et leur parcours lors de la dernière CAN était intéressant. On savait qu’ils allaient nous poser des problèmes. Ils possèdent quelques très bons joueurs, mais je suis surpris par leur comportement. Les gestes de provocation m’ont vraiment dégouté lors de ces deux rencontres. Et lors du match retour à Blida (Algérie), j’avais peur qu’il se passe quelque chose de grave. Mais malgré cette pression supplémentaire, nous avons fait une bonne prestation, même s’ils ont tué le spectacle en fin de rencontre. J’étais triste pour les supporters venus très nombreux. A midi, le stade était déjà plein.

Est-ce aussi le résultat de votre caractère autoritaire et de votre exigence ? 

(Un peu agacé il souffle) En France, c’est toujours la même question. Vous savez, l’exigence provoque la compétence. Si tu n’es pas compétent, tu n’as pas d’exigences. Le contraire est valable aussi. C’est tout.

Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez organisé l’équipe, entre les joueurs locaux et ceux qui évoluent dans les championnats étrangers ?

J’ai beaucoup voyagé et j’ai aussi regardé pas mal de cassettes vidéos (sic). Moi, j’essaye de sélectionner les meilleurs joueurs algériens possibles. Je suis donc allé là où ils étaient. Je devais reconstruire un groupe et j’ai eu besoin de beaucoup de temps. J’ai essayé d’apporter quelque chose de nouveau, car ma philosophie est différente du sélectionneur précédent. Il était plutôt tourné vers la défense, alors que moi je suis foncièrement pour un jeu offensif. C’était un challenge un peu osé mais on a réussi à marquer 21 buts en 10 matches. Je pense qu’avec deux buts en moyenne par rencontre, l’équipe a été transformée dans son esprit et dans ses ambitions. Visiblement, tout le monde est heureux de cette situation, alors que les Fennecs ne marquaient pas beaucoup.

Est-ce que vous avez l’impression d’avoir construit une nouvelle équipe d’Algérie qui va durer plusieurs années ? 

Oui. C’est en quelque sorte une naissance. Mais il faut continuer encore à travailler plus pour faire une bonne CAN et je n’ai fermé la porte à personne. J’ai une bonne expérience de l’Afrique. Souvent, quand un joueur commence à jouer dans une sélection nationale vers l’âge de 20 ans, il devient titulaire et on n’ose plus remettre en cause sa place. Si c’est pour le remercier de ce qu’il a fait avant, ce n’est pas vraiment une bonne chose. Le football se joue au présent. Celui qui est bon doit jouer. Cette philosophie que j’ai appliquée en Côte d’Ivoire, je la mets en œuvre aussi avec l’Algérie. C’est une équipe assez jeune, qui manque un peu d’expérience. Moi, je ne sais pas combien de temps je vais rester, mais je crois que ce nouveau groupe est parti pour au moins six années. L’ambiance est phénoménale et exceptionnelle, et je suis surtout satisfait de cela. La façon dont les joueurs se comportent en dehors du terrain influe sur le terrain.

Est-ce que ça a été une équipe difficile à gérer lors de votre arrivée? 

Au premier rendez-vous, j’ai compris qu’il fallait faire des changements et aérer ce groupe. Ils ont tout de suite demandé une discussion en disant des choses que j’ignorais. J’ai compris que cette équipe, qui avait joué la Coupe du Monde, avait pas mal de problèmes internes et qu’il fallait la changer un peu. Je crois que j’ai fait un premier constat et une première analyse qui ont été salvateurs pour la suite. Je pense que j’ai insufflé de l’ambition et une nouvelle envie. Ce fut un travail peut-être invisible lors de la préparation mais qui a apporté ses fruits sur le terrain.

Quels sont les points à améliorer dans le futur ? 

Comme j’ai eu pas mal de joueurs blessés, je ne me suis pas encore beaucoup attaqué à la défense centrale. Cela veut dire que je n’ai pas encore eu la meilleure équipe possible. Sinon, nous sommes encore un peu fébriles lorsque nous jouons à l’extérieur. Il faut travailler le caractère, la présence physique, ne pas avoir peur de gagner des duels. Oui, il y a encore des choses à améliorer. Mais vu comment les joueurs écoutent, s’investissent et progressent, je suis très optimiste. Avec ou sans Vahid, d’ailleurs.

Quelles sont vos ambitions pour la CAN 2013 ? 

Dans mon contrat, je dois aller au moins en demi-finale. Mais honnêtement, si je joue un quart de finale, ce serait bien. Nous sommes dans le troisième chapeau (Maroc, Niger, Burkina Faso) et ce sera un tirage très difficile (24 octobre à Durban, ndlr). Il ne faut donc pas trop s’enflammer. On verra après le tirage. Comme je le dis aux joueurs, il faut rester lucide, modeste et appliqué. C’est seulement comme cela que l’on va progresser et aller le plus loin possible. Sinon, on tombe dans la désillusion très rapidement.

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