Les villageois entre désespoir et exaspération

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Les habitants d’Aït YahiaMoussa ne sont pas près d’oublier l’hiver de l’année dernière. En effet, ils ont beaucoup souffert des affres du froid, n’ayant, contrairement à d’autres régions, même pas été approvisionnés en gaz butane.

Il faut savoir, qu’au jour d’aujourd’hui, aucun village ni même le chef-lieu ne sont alimentés en gaz naturel. Pourtant, depuis 2007, cette revendication ne cesse d’être portée par tous les villageois qui en sont arrivés à occuper la mairie et couper la RN25. On a parlé d’un programme de 65 kilomètres, puis de 120 kilomètres, d’études techniques, mais aucun chantier n’a démarré. « Notre région est la plus délaissée en matière de développement. Quant au gaz naturel, nous ne l’espérons plus. Je vous assure que je suis étonné d’entendre qu’en ce premier novembre, plus de cinq mille foyers vont bénéficier de cette commodité alors que dans tous nos villages, nos femmes et nos filles continuent encore à transporter, sur leur dos, des fagots de bois. C’est une honte !», s’écrie un ancien moudjahid. Il tiendra à préciser encore que leur municipalité a payé un lourd tribut durant la guerre de libération nationale : « nous avons plus de mille cinq cents martyrs dont le colonel Krim Belkacem, son frère Rabah, Si Moh Nachid, Said Boubaghla, Si Moh Ouhadj et des centaines d’autres valeureux hommes comme eux. Mais voilà qu’à la veille de la célébration du cinquante-huitième anniversaire de la guerre de libération nationale et du cinquantenaire de l’indépendance, nous ne sommes pas traités de la même manière que les autres Algériens », poursuit cet acteur de la bataille du six janvier 1959 où plus de trois cent quatre-vingts moudjahidine étaient tombés au champ d’honneur, forçant la France coloniale à recourir aux bombardements systématiques des villages avec du napalm après avoir perdu plusieurs hommes dont le capitaine Graziani et le lieutenant Chassin. Si cet ancien maquisard se lamente de la sorte, c’est parce que beaucoup de promesses ont été données aux comités de villages, notamment en ce qui concerne l’alimentation en gaz naturel, sans qu’aucune d’entre elles ne se concrétise. Ainsi, les vingt-trois mille habitants de cette commune montagneuse ne comptent que sur la force de leurs bras pour remplir leurs hangars de bois sec avant d’être surpris par un autre hiver des plus rudes.  « Nous commençons peut-être à comprendre le problème : il s’agit de gaz de ville et Aït Yahia Moussa n’est pas encore une ville », ironise un habitant du chef-lieu. Et d’ajouter : « nous sommes à la veille des élections, et je suis sûr et certain que tous les partis en lice ne vont parler que de gaz naturel, mais ce ne seront que des promesses comme les précédentes. Nous n’avons plus confiance en personne ». Pour le moment, les comités de villages affûtent leurs armes et attendent tous les candidats au tournant, notamment concernant quelques points essentiels, tels l’alimentation en eau potable et le raccordement au gaz naturel. Sans oublier, évidemment, le chômage qui sévit dans cette localité où il n’existe aucune entreprise aussi petite soit-elle.                    

Amar  Ouramdane        

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