Par Abdennour Abdesselam
Né le 04 février 1912 à Tizi-Ouzou, Mohamed Seghir Feredj n’a eu de cesse à s’intéresser à l’histoire de sa ville natale pour laquelle il vouait un attachement particulier. Autodidacte en français comme en arabe, Feredj a défié les contraintes de son époque pour donner un droit de cité à cette région qui l’a vu naître. Nationaliste de la première heure, Mohamed Seghir intégrera rapidement la fédération des scouts musulmans algériens comme membre fondateur. Il assumera en son sein les fonctions de commissaire régional, puis fédéral. Admirateur du leader Ferhat Abbas, Seghir prend part à la section des AML (les Amis du Manifeste de la Liberté). Plusieurs fois arrêté il est exilé au Maroc après sa libération. Depuis l’indépendance du pays, Mohamed Seghir Feredj s’attèlera à l’écriture de l’histoire. Il a à son actif plusieurs publications sous forme de monographies restées inédites comme « Les Belkadi de Koukou », « les Bensalem », « la Zaouia de Bendris », une étude préliminaire intitulée « Notice sur Dellys », un préambule traitant du guet-apens de Bordj Sebaou. Son étude sur Lalla Fadhma n’ Soumer sera publiée en 1979 par la revue tunisienne d’histoire Maghrébine. Dans les années 1970, Feredj présidera la « Société d’Etudes Historiques et Humaines de la Grande Kabylie ». Un prolongement de cette activité associative sera entamé à partir du mois d’octobre 1988, il présidera l’Association d’Etudes Historiques et Archéologiques de la wilaya de Tizi-Ouzou. En 1990, Mohamed Seghir Ferredj publiera, aux éditions ENAP, son bestseller « Histoire de Tizi-Ouzou, des origines à 1954 », préfacé par le Dr Chikh Bouamrane, professeur à l’université d’Alger. L’ouvrage est dominé par le souci d’une recherche méthodique, d’autant plus que la documentation sur le sujet était rare. Mais c’était sans compter sur l’abnégation de Feredj qui a cumulé depuis son jeune âge, des témoignages vivants auprès de personnes âgées, particulièrement celles du domaine de l’enseignement. Il ne s’est pas contenté dira le préfacier, comme on l’a malheureusement fait trop longtemps, de reproduire simplement les textes existants, mais a fait preuve d’esprit critique et de discernement, en replaçant les faits dans leur contexte. Il a passé en revue les périodes qui ont jalonné l’histoire de la région, depuis l’antiquité jusqu’à la veille de déclenchement de la guerre de libération. On découvre avec l’auteur les événements importants et les personnages marquants de l’histoire de notre pays. Il n’hésite pas à apporter des correctifs à l’ouvrage du général Daumas, alors directeur central aux affaires arabes au gouvernement général, qui ne pouvait être impartial dans son livre « La Grande Kabylie, Etudes historiques », paru en 1847. D’une manière générale, Mohamed Seghir Feredj nous présente une fresque objective de la ville de Tizi-Ouzou et de sa région aux plans sociologique, culturel, historique et politique.
A.A.
