Indépendants, les sans-parti à l’assaut des voix

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l A Béjaïa, en rangs disperséEux préfèrent au vocable de “sans-parti” dont les affuble volontiers la “vox populi”, le terme d’indépendants.Venus d’horizons professionnels divers, transfuges parfois de grands partis FFS, FLN, RCD…, les indépendants se présentent en force au scrutin du 24 novembre prochain. En effet, pas moins de 58 listes pour les APC et une pour l’APW ont été déposées dans les délais et les candidats qui piaffent d’impatience doivent commencer à en découdre dès aujourd’hui.Particularité de taille concernant les indépendants, il y a quasiment autant de programmes que de listes, même si l’union sacrée s’est faite autour de la gestion, jugée calamiteuse, des cités sous l’ère des partis. Au chef-lieu de wilaya, c’est pas moins de trois listes conduites par M. Bouchebah, déjà présent en 2002, M. Mouhoui et M. Aït Mokhtar qui se lancent à l’assaut de ce qui fut un bastion FFS. Quant à l’APW, une liste conduite par M. Houassine, figure bien connue de la défunte APW et dont chaque intervention dans un arabe châtié était saupoudrée d’un zeste d’intolérance, entend bien tirer son épingle du jeu. A défaut du perchoir, Houassine se voit bien, une fois encore, élu à l’assemblée.S’il y a bien une ville de la wilaya où la liste indépendante à de très fortes chances de s’imposer, c’est bien Darguina. La liste conduite par M. Bektache, maire sortant dont le travail à la tête de l’APC a été unanimement salué, se trouve en pôle position.Les indépendants, qui partent en rangs dispersés, risquent malgré un engouement sans précédent pour les prochaines partielles locales, de laisser des plumes face aux puissantes machines rompues aux joutes électorales et ayant de surcroît une longueur d’avance en matière de gestion de la chose politique. Les citoyens réfléchiront sûrement à deux fois avant de confier leurs voix à des candidats dont le manque d’expérience et la méconnaissance des arcanes de la gestion des cités constituent un handicap certain. Pourtant, les indépendants eux, y croient dur comme fer. A l’appui de leurs certitudes, “la lassitude des populations” et “la disqualification des partis politiques” qu’ils mettent en avant, prônant un changement radical. La campagne électorale qui vient de s’ouvrir permettra à coup sûr aux “sans chapelle politique” d’expliquer leurs programmes ainsi que le pourquoi de leur présentation. Le choix des futurs maires et édiles obéit certainement à d’autres considérations, mais les “yeux de Chimène” ne suffiront sans doute plus. De même qu’une certaine forme de messianisme.

M. R.

l A Tizi Ouzou, 32 listes en liceQuel sera le poid des indépendants lors des élections locales du 24 novembre 2005 ? Difficile de livrer un pronostic même s’il est permis de dire que pour ce scrutin, ces listes ont de sérieuses chances de créer la surprise. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, les indépendants ont très rarement pesé lors des différentes élections ayant eu lieu depuis l’ouverture au multipartisme de 1989. Cette fois, pas moins de trente listes indépendantes prendront part à l’élection. La seule liste confectionnée pour participer à la compétition au niveau de l’assemblée wilayale (APW) n’a pas été validée par les services de la Direction de la réglementation et de l’administration (DRAG) pour dossiers incomplets. Cette liste a été conduite par M. Akli Benmedjber, ex-directeur de l’Entreprise nationale de l’électronique (ENEL) d’Azazga. La présence en force des indépendants trouve, son explication dans le fait que l’un des partis qui avait un poids relatif dans un passé lointain n’a pu couvrir l’ensemble de la wilaya. Les indépendants comptent donc récupérer l’électorat du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Un électorat que se partagent, outre les indépendants, le FFS et le RND. Il n’est pas aussi exclu que des militants de partis aient opté de se présenter sous couvert des indépendants notamment dans des communes où ils ne sont pas sûrs de leurs capacités de mobilisation. On croit savoir que plusieurs listes indépendantes sont en réalité parrainées par des partis politiques dont certains sont en perte de vitesse. Les cartes ne seront dévoilées, qu’au lendemain des alliances entre élus qui permettraient le choix des maires.Lors des éléctions municipales du 23 octobre 1997, seulement deux listes indépendantes avaient participé à la course, lesquelles listes ont pu obtenir 5 744 voix (10 sièges sur 579 soit 2 %). Aux législatives controversées de 2002, les indépendants ont pu s’octroyer 547 voix en obtenant un siège. Aux locales du 10/10/2002, les indépendants ont eu 1 064 voix, soit l’équivalent de huit sièges. Comme on peut bien l’observer, c’est le retour en force des indépendants. Dans les communes où le FFS est absent, les indépendants partent favoris, même si on parle de chances sérieuses pour le RND et le FLN dans certaines localités. Les quelques candidats avec lesquels nous avons discutés se sont montrés très optimistes, parfois même très sûrs de leurs chances. Ceci aurait pu constituer un indice mais tous les candidats quelles que soient leurs assurances se sont montrés animés de la même certitude

Aomar Mohellebi

l A Bouira, si la tribu ne s’en mêle pasSix listes d’indépendants, dont deux à M’chedellah, sont sérieusement engagées dans la course à la magistrature communale. A priori, la carrure des postulants non structurés et décidés à ne pas se contenter de, loin s’en faut, ramasser des miettes obligera les partis politiques sur le starting-block à jouer des coudes. Ceci bien sûr si l’on étudie les profils des candidats en dehors des considérations tribales très souvent déterminantes dans la Kabylie profonde. La liste libre d’El Asnam composée d’ingénieurs pilotés par l’actuel directeur général de Betecob devra inquiétér les listes concurrentes. D’autant plus, semble-t-il, que la candidature de Bellout Amar, le DG en question et tête de liste, a été sollicitée par les Esnamis. Tous voyaient en lui une compétence qui a réussi à remettre sur rails Betecob, une entreprise au bord de la faillite. Autrement dit, la population d’El Asnam avait sollicité la candidature d’un gestionnaire efficace à même de redresser la barre de leur commune. Dès lors, la curieuse invite au “concubinage politique” pour essentiellement s’allier contre les électrons libres en lice paraît grotesque. A M’chedellah où huit listes convoitent la gestion de la commune, les deux listes indépendantes sont bien configurées pour prétendre grignoter des sièges. Pour être rodés aux affaires de gestion, théoriquement, les deux têtes de listes, Chiad Hamid, maire FFS, et Mesrane Rabah, ex-secrétaire général de la wilaya de Ghardaïa, pourraient intéresser les M’cheddalis. Mais semble-t-il, notamment pour le deuxième, la caution tribale, ce soutien hélas fondamental, ferait défaut. Amzal Mourad, le candidat indépendant de Saharidj, est, parmi les six listes indépendantes, le candidat “sans profil” et sans mordant. Il est cependant président d’une association culturelle et conjoncturelle. Ath Mansour, commune où le MSP et Islah, se meuvent à leur aise, Hacène Amirouche, ex élu à l’apw, pilote la liste des indépendants qui ne semble pas avoir beaucoup de chance devant les six autres listes en lice. Partout où les populations sont appelées à choisir leurs maires, nous avons constaté que la dimension tribale du candidat est plus prépondérante que ses aptitudes à gérer. En définitive, cette réalité sociologique est en faveur des partis qui, eux, placent, sans problème, un nom de chaque adrum (tribu) dans leurs listes.

T. O. A.

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