Le village d’Ikhelfounène dans l’Aarch d’Ath Smaïl à Bounouh, au pied du Djurdjura, a vécu, hier, un événement exceptionnel.
Dès huit heures du matin, les villageois se sont rassemblés au cimetière de ce village où est enterré l’une des icônes de la chanson algérienne ou encore le grand militant et Moudjahid Farid Ali, alias Khelifi Farid Ali, en ce trente et unième anniversaire de sa mort. Une disparition due à une longue maladie contractée lors de son incarcération à Berrouaghia entre 1963 et 1966. Sur sa tombe, on peut lire » ici repose Khelifi Farid Ali, né le 09-01-1919, décédé le 18-10-1981″. Mais ce qu’il y a lieu de revisiter sur sa tombe, c’est cette phrase qu’il avait écrite en 1964 à Berrouaghia : » De ce monde, je cède la place. Je ne veux plus y habiter. Je la laisse aux rapaces, aux voleurs de liberté. Berrouaghia 1964″. A l’arrivée du président de l’association Tagmats de Lyon (France), M. Dalil Makhloufi, accompagné de Nna Aldjia, la mère de Matoub Lounès, des youyous fusèrent de partout, sous la voix de Farid Ali avec sa célèbre chanson » A Yemma Aâzizen Ur Tsru ». Ensuite, la délégation, accueillie par le président du comité de village, pénétra dans ce cimetière familial. L’honneur de poser la gerbe de fleurs sur la tombe de Farid Ali fut donné à M. Ahcène Chérifi, pour avoir connu, lui aussi, la prison de Berrouaghia dans l’affaire des poseurs de bombe au siège d’El Moudjahid au début des années 70, et à Dalil Makhloufi. Le moment, peut-être, le plus solennel, fut quand la stèle, sur la plaque de marbre portant le signe de l’Etoile de la liberté amazighe si chère à Farid Ali, fut plantée devant sa tombe, au moment où le couplet de l’une de ses chansons retentit » A brid ik yehwan a wit lamaâna d’afehli ma yechna yak Farid fahm it ur tettu kecc d azzayri d ineslam hmed rebbi d amazigh acfu aflasel ik ». Evidemment, dans ce couplet, l’auteur évoque la lutte du peuple algérien, des composantes de l’identité nationale » musulmane et amazighe » et, bien sûr, la bravoure de l’Algérien. Tour à tour, le président du comité de village, le président de Tagmats, son fils Arezki et des personnes anonymes ont salué cette initiative, tout en espérant que Farid Ali soit un symbole et que sa mémoire soit sauvegardée et enseignée aux générations futures. Son neveu, ancien Moudjahid et responsable de la Kasma de Bounouh a retracé le parcours militant de ce grand homme qui a épousé non seulement, la lutte armée jusqu’à l’indépendance du pays, mais aussi a continué à militer pour les libertés démocratiques et identitaires. D’ailleurs, ceci lui a valu son emprisonnement, puis son expulsion d’Alger, pour aller vivre en exil.
Amar Ouramdane

