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Combien sont-ils à en souffrir en silence ?

Ces dernières années, le harcèlement moral au travail a pris d’énormes proportions. Il touche de très nombreux salariés à travers toute l’Algérie, mais ces derniers n’arrivent toujours pas à briser le mur silence et dénoncer ce genre de faits. A cet effet, le bureau du SATEF de la wilaya de Tizi-Ouzou a organisé hier, en collaboration avec la Fondation internationale Friedrich Ebert Stiftung (FES) ainsi que deux militantes des droits de la femme, en l’occurrence, Nassera Merah et Nadjia Zeghouda, une rencontre dont le thème est « le harcèlement moral en milieu professionnel », au niveau de l’hôtel Belloua de Tizi-Ouzou.

Comment ce phénomène, présent dans le milieu professionnel se manifeste-t-il ? Quels sont ses impacts sur ceux qui le subissent ? Comment peuvent-ils y faire face ? Y’a-t-il des lois pour combattre ce fléau qui ne cesse de prendre de l’ampleur ? Ce sont, entre autres, les questions qui ont été soulevées lors de cette rencontre, la première du genre, à laquelle ont pris part plusieurs syndicalistes et représentants de différentes associations militantes pour les droits de l’homme. Un riche programme été concocté par les organisateurs de cette conférence, dont l’objectif était de faire un constat des lieux, juridique et social, de la problématique en Algérie, ainsi que d’informer de sensibiliser sur la question du harcèlement moral en milieu professionnel et de proposer des recommandations pour outiller les syndicalistes à la prise en charge des cas qui se présentent.  Après les allocutions de Boualem Amoura, secrétaire général de la SATEF, et de Nawel Guellal, chargée de projet et de communication à la FES, deux conférences suivies de débats ont été animées par les consultantes hôtes. « Qu’est ce que le harcèlement ? Définition et indicateurs », a été l’intitulé de la première communication présentée par Nassera Merah, consultante et militante des droits de la femme. Lors de son intervention, Mme Merah a défini du harcèlement moral en milieu professionnel et expliqué les moyens pour y faire face. À ce propos, elle dira que « le harcèlement est une forme de violence physique, matérielle, morale ou psychologique, portant atteinte à la dignité la pudeur, l’honneur et à la liberté de la femme ». Elle ajoutera, également, que dans la société algérienne, il y a un réel problème de communication : « Les harcelés ont honte de dénoncer leurs harceleurs. Il y a ce que nous appelons le mal de ventre, qui est considéré comme le syndrome le plus connu du harcèlement car il est dû au stress, d’ailleurs nous l’appelons le syndrome des harcelés ». Dans la seconde partie de sa communication, elle a expliqué à l’audience comment faire face à ce problème. « Quand le harceleur ne peut pas licencier le travailleur, alors il le harcèle pour le pousser à partir. Dans ce cas, le harcelé doit faire connaître sa situation, le plus tôt possible, car il doit se mettre dans la tête qu’il est une victime. Pis il doit interpeller la direction et le syndicat. Mais avant de procéder à cela, il ne doit pas hésiter à consulter un médecin généraliste, ensuite un psychologue ou un psychiatre », a-t-elle dit.

Pour sa part, Nadjia Zeghouda a donnée une conférence sous le thème « le code du travail et les conventions internationales ». D’emblée, elle a précisé que, selon l’article 6 de la loi 90-11 du 21 avril 1990, «chaque travailleur droit à une occupation effective, au respect de son intégrité physique et morale et de sa dignité. Il a également droit à une protection contre toute forme de discrimination ». Elle dira que, sur le terrain, en appliquant ces lois, « nous apercevons un énorme fossé entre les textes et la réalité ». Selon cette consultante, cela est dû au silence des harcelés, elle ajoutera qu’il était temps de briser la glace et de se défendre, car quand le harcèlement est prouvé il est considéré comme « une faute professionnelle et dans ce cas, nous valorisons l’article 6 de la loi 90-11. Actuellement, le code du travail est en phase d’étude et cela coïncide avec la campagne électorale. Alors, c’est le moment idéal pour organiser des mouvements pour soulever ce problème, afin qu’on puisse l’intégrer dans le nouveau code, car pour pénaliser cet acte, nous devons avoir des textes précis, sinon le magistrat ne pourra pas avancer », a-t-elle affirmée. « C’est une journée de vulgarisation, d’information et de formation et c’est la première en son genre. Nous comptons organiser d’autres séminaires afin de décortiquer, encore plus, ce thème qui touche beaucoup de personnes dans divers domaines d’activités et qui ne savent pas comment s’y prendre pour y faire face », conclura Boualem Amoura, SG du SATEF.

Samira Bouabdellah

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