La mendicité prend de l’ampleur

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Des jeunes de forte carrure, des vieux et même des enfants profitent de la générosité des citoyens et de leur naïveté pour leur extorquer quelques pièces de monnaie. La mendicité prend des proportions alarmantes à Akbou. 

Des  femmes accompagnées  de leurs enfants font la manche à chaque coin de rue dans la ville d’Akbou. Des jeunes de forte carrure, des vieux et même des enfants profitent de la générosité des citoyens et de leur naïveté pour leur extorquer quelques pièces de monnaie. La mendicité prend des proportions alarmantes à Akbou. Un bon nombre de citoyens que nous avons interrogés disent ne pas pouvoir «distinguer entre le vrai et le faux mendiant». En absence de toute intervention de l’Etat, la mendicité serait-elle en train de devenir une profession ? «Donnez-moi une pièce pour m’acheter une baguette de pain, que Dieu vous bénisse». «Pitié ! Aidez-moi, je n’ai pas mangé depuis deux jours !». Des rengaines répétées à longueur de journées, notamment le vendredi, jour du marché hebdomadaire de l’automobile à Bouizène. En effet, des dizaines de mendiants envahissent les endroits stratégiques pour quémander quelques pièces aux passants. A l’image de cette femme, âgée de la trentaine, assise à même le sol, essayant d’apitoyer les personnes qui passent devant elle : «je suis veuve et j’ai deux garçons à nourrir. Je n’ai pas de revenu alors je me débrouille avec l’argent que les bonnes âmes veulent bien me donner», raconte-t-elle. La majorité des passants mettent la main à la poche. Nabil, un vendeur dans un magasin à Arafou, nous raconte : «pratiquement chaque jour, des jeunes femmes portant L’aâdjer passent me voir pour que je leur donne quelques sous. Ces derniers temps, leur nombre a augmenté d’une façon évidente. La plupart d’entre elles sont étrangères à la région». En effet, ces femmes mendiantes veillent à ne pas dévoiler leur visage : «La plupart des mendiants, enfants ou femmes, viennent de Bouira et ne sont pas de la région»,  nous confie un fonctionnaire local du croissant rouge algérien (CRA). «Je suis veuve depuis 25 ans, je ne peux pas travailler et je dois subvenir aux besoins de mes filles qui doivent se marier bientôt», explique une autre mendiante. Elle continuera en nous confiant :  «un jeune homme de Bouira est en prison parce qu’il a tabassé ses deux sœurs qui s’adonnaient à la mendicité». D’autres nous parleront d’enfants à qui l’on apprendrait à supplier et à toucher la fibre sensible des gens, ou à carrément les harceler et les mettre dans la gêne: «Un enfant de 8 ans, ne voulait plus me lâcher, s’accrochant en pleurnichant à ma veste pour que je lui donne quelques sous», témoigne Farid. Mais qui est responsable des ces enfants ? Sont-ce leurs propres parents qui les poussent à tendre la main, ou d’autres adultes cupides sans conscience seraient-ils derrière cette misère humaine?  La question reste posée ! Pourtant, il existe en Algérie un projet de loi, initié en décembre 2010 par le ministère de la Solidarité nationale, interdisant ce genre de pratique. «Officiellement, les autorités publiques visent, à travers cette nouvelle loi, à lutter contre les réseaux de mendicité notamment ceux utilisant des enfants, des bébés ou des personnes handicapées», nous explique-t-on. Mais dans la réalité cette loi est loin d’être appliquée.        

Menad Chalal

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