Les établissements du cycle primaire de la commune de Guerrouma, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, manquent d’enseignants de français. C’est du moins ce que nous a révélé bon nombre d’enseignants et parents d’élèves de la région.
Ainsi et selon plusieurs témoignages recueillis, sur l’ensemble des écoles primaires de cette commune, il manquerait plus d’une dizaine d’enseignants de langue française. En effet, les quelques instituteurs et parents d’élèves interrogés, s’accordent unanimement à dire : ‘’ les écoles primaires de Guerrouma connaissent une pénurie d’instituteurs, notamment de français’’. Salah, enseignant de langue arabe à l’école primaire d’Ibn Khaldoun, située en plein cœur du chef-lieu communal, a affirmé que ‘’ dans plusieurs établissements, les élèves sont privés de cours de français, du fait du manque d’enseignants’’. Toujours selon notre interlocuteur, les raison de cette ‘’ pénurie’’, seraient dues à ‘’ la non-affectation d’enseignants dans cette commune, par les services de la direction de l’enseignement, mais aussi au manque de commodités et de facilitations pour les enseignants affectés, qui finissent par plier bagages’’. Hichem, l’un des rares instituteurs de langue française dans cette municipalité a noté que ‘’ les conditions de travail sont extrêmement difficiles à Guerrouma, on fait face au manque de transport, et les établissements sont le plus souvent situés dans des bourgs reculés où la sécurité n’est pas toujours garantie’’. Avant de préciser que : ‘’ Si ce n’était pas l’amour de mon métier, et par souci d’éthique vis-à-vis de mes élèves et leurs parents, j’aurais, depuis longtemps demandé mon affectation ailleurs’’. Du coté des parents, c’est le sentiment d’inquiétude qui prédomine. C’est ce qu’on a eu à constater auprès des quelques parents questionnés sur ce sujet. Mohamed, père de 4 enfants, dont deux écolières, s’est montré ‘’préoccupé’’ par ce manque d’enseignants, en déclarant que : ‘’ mes filles me disent tout le temps que le prof n’est pas venu. A force d’entendre cette phrase, je me suis déplacé vers leur établissement et là on m’a informé qu’ils sont sans enseignant de français depuis plus d’un mois (…), cette situation, commence sérieusement à m’inquiéter’’. D’autres parents d’élèves, soucieux de la scolarité de leurs enfants, ont dressé le même constat, à savoir qu’ ‘’ il y’a une réelle pénurie d’enseignants !’’.
‘‘Certains enseignants sont irresponsables !’’
Dans le but d’en savoir plus sur ce sujet, attache a été prise avec le directeur de l’éducation de Bouira, M. Mekhaldi. Ce responsable a confirmé le manque en instituteurs de langue française, mais a formellement démenti le chiffre d’une dizaine d’enseignants. ‘’ Oui, on a bien un petit déficit, mais il est situé entre deux à trois enseignants seulement’’, a-t-il confié. Concernant les raisons de ce manque, le DE de Bouira a fait quelques révélations sur des pratiques ‘’ regrettables’’ de la part de certains enseignants affectés à Guerrouma. ‘’ Vous savez, les enseignants ne sont pas innocents dans cette histoires ! Certains d’entre eux usent de malice et parfois de malhonnêteté pour ne pas regagner leur poste, c’est triste, mais c’est la stricte vérité’’, s’est-il désolé avant d’expliquer : ‘’ On s’est retrouvé avec des congés de maladie fictifs, des enseignants qui désertent leurs établissements au bout d’une semaine, et pire encore, des enseignants qui ne font pas l’effort de se présenter à l’établissement auquel ils sont affectés !’’. Le premier responsable du secteur de l’éducation de Bouira, a souligné ensuite, le fait que ‘’ ce n’est pas évident de travailler dans certains endroits reculés, je le concède, mais de là à fuir ses responsabilités et laisser les enfants livrés à eux même, je trouve que c’est irresponsable de la part de certains enseignants’’. Enfin, M. Mekhaldi a tenu à rassurer les parents d’élèves de Guerrouma, en disant que ‘’ toutes les mesures viennent d’être prises dans le but d’assurer une bonne qualité d’enseignement à leurs enfants, puisque deux enseignants ont été affectés dans les établissements concernés’’.
Ramdane. B.

