Si au centre-ville et dans les communes environnantes d’Alger, les vendeurs à la sauvette ne sont plus qu’un mauvais souvenir pour les citoyens qui trouvaient toutes les peines du monde pour se déplacer, force est d’admettre que les promesses faites aux commerçants ciblés, de les recaser ailleurs, n’ont pas toutes été honorées. Les commerçants du marché Ali Mellah, pour ne prendre que cet exemple, ont été recensés et leurs dossiers devaient être étudiés au cas par cas, en vue de bénéficier de nouveaux commerces dans des lieux aménagés. L’on se rappelle que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait proposé la mise en place des marchés de proximité. Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Ould Kablia, avait a annoncé la création de 534 marchés de proximités de type ‘’parisien’’ à travers le territoire national. Mais si cette décision a été prise dans la hâte, il y a lieu de s’inquiéter du sort des commerçants dont la plupart ont une famille à nourrir. Aujourd’hui, des milliers de commerçants informels ne savent plus quoi faire, ni à quel saint se vouer et réclament des solutions. Sans travail et face à la cherté de la vie, certains de ces commerçants ayant vu leurs « baraques » disparaître, nourrissent aujourd’hui un sentiment de frustration. Ils craignent de voir leurs dossiers rejetés pour le motif qu’ils ne résident pas dans la capitale.
Niet pour les commerçants résidant en dehors de la commune d’Alger
Quel est donc le sort réservé à ceux qui n’habitent pas la commune ? Selon le responsable chargé du recensement des commerçants touchés par cette opération : « c’est la commission qui va trancher ». Une raison pour faire naître chez les commerçants le sentiment d’avoir été floués : « Cela fait plus de sept ans que je viens à Ali Mellah pour vendre ma marchandise et aujourd’hui je ne sais plus quoi faire. La région où j’habite n’est pas aussi peuplée, c’est ici que je trouve mon gagne-pain », a indiqué Mohamed, jeune vendeur illicite, venu de Boumerdès. « Je pense que nous habitons tous Alger », a souligné son compagnon de Beni Messous. Des jeunes viennent aussi, chaque matin, de Tizi-Ouzou, Bouira et Tipaza. Ils sont dans l’embarras : « Je peux vous affirmer que des milliers de vendeurs habitent dans des hôtels, des dortoirs ou dans des hammams », a indiqué un autre vendeur. « Je ne sais vraiment plus quoi faire, je dois absolument me débrouiller un certificat de résidence à Sidi M’Hamed pour espérer une petite table légale à Alger », souligne Hamid, venu de Sétif. « Quitte à l’acheter », dira un autre marchand qui vient de Jijel. « J’estime que cette mesure amplifie l’esprit du régionalisme dans la capitale. Le certificat de résidence n’est nullement une entrave pour nous. Nous connaissons, tous, des employés qui travaillent dans des APC, et certains d’entre nous connaissent même plusieurs maires », a indiqué un autre vendeur. Pour lui, on encourage les gens à aller vers la corruption et la confrontation entre les Algérois et les non-résidents de la capitale. Depuis que l’opération fut achevée et que les trottoirs ont repris leur vocation originelle, les services de l’APC ont envoyé des convocations. Sur place, il est demandé à ces derniers de fournir des dossiers et de patienter. Mais pour le moment, rien n’a été fait.
Ferhat Zafane