Insuffisances tous azimuts

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C’est une agglomération en retrait, à quelques encablures d’Ath Hamadh, située sur les flans d’une colline au panorama des plus extraordinaires. Ce village de haute montagne accuse néanmoins des insuffisances de toutes sortes, son développement semble ne point faire partie des priorités des autorités locales. La première contrainte dont se plaignent les résidents, c’est l’éloignement des établissements scolaires, puisque la plus proche école primaire se situe à 2km du village, et n’est accessible que par un chemin de terre non aménagé. De plus, son itinéraire est en pente raide qui fait la hantise des petits écoliers lourdement chargés à l’aller comme au retour. L’absence d’une voie d’accès carrossable a fait que ce hameau ne dispose pas de transport scolaire. L’autre problème dont se plaignent les habitants de Timesguida est la distribution de l’AEP qui ne leur parvient qu’une journée sur deux, hiver comme été et l’eau ne coule de leurs robinets que pendant une heure de temps. Les nombreuses ruelles qui desservent l’intérieur de la bourgade sont à l’état de terre battue qui se transforment en véritable bourbier durant toute la période de la saison humide soit 05 mois par année. L’éclairage public, l’un des plus indispensables équipements dans ces zones reculées, bien que son installation existe, est frappé de cécité ne servant que de décor et de témoin d’une gestion inefficace. Un groupe de jeunes nous disent vivre leur temps libre comme à l’époque de leurs aïeuls, en l’absence de toute infrastructure de culture, de sport ou de loisirs qui les accueillerait. Ils n’ont que…thajmaâth où ils se regroupent pour tuer le temps et rompre une monotonie dévastatrice. Pourtant, des terrains relevant de Chmel  (communs) sont disponibles et ne demandent qu’à être exploités pour mettre fin à cet isolement ravageur. La dernière contrainte soulevée par ces habitants de Timesguidha n’est pas des moindres, c’est l’absence d’une unité de soins alors que dans l’agglomération vivent des personnes âgées, atteintes de maladies chroniques et qui sont contraintes d’avoir recours à des bêtes de somme pour emprunter une piste poussiéreuse ou boueuse pour une simple injection ou une simple vérification de glycémie ou d’hypertension à l’infirmerie d’Ath Hamadh. Lors de notre tournée dans ce hameau, nous avons pu visiter un  ensemble d’habitations traditionnelles plusieurs fois centenaires, construites en pierres taillées. Un véritable musée à ciel ouvert qui commence à afficher un début de délabrement qui ne fera qu’empirer si aucune rénovation, même des moindres, n’était pas entreprise. Dans la première maison visitée, nous pûmes admirer un Aggrour (grenier), Tissi (soupente), Adhekouan (potager), Akoufi (servant au stockage des céréales), Achvaïli (jarre utilisée pour emmagasiner la provision de l’huile), Adaynin (place ou étaient abrités une paire de bœufs, un âne ou un mulet), le tout sous un même toit soutenu par 04 murs porteurs. Une habitation qui constitue un des derniers spécimens des demeures de nos ancêtres. Ce patrimoine devrait intéresser à plus d’un titre la direction de la culture. Le nombre de ces anciennes bâtisses serrées les unes contre les autres (une dizaine) serait suffisant pour en faire un village traditionnel témoin, ce qui ferait la région de l’anonymat.                                

   O. S. 

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