Les écrivains Azeddine Taguemount et Abdelhamid Ghermine, qui ont, dans l’après-midi de samedi dernier à la Maison de la culture Taos Amrouche de Béjaïa, conjointement animé le café littéraire, ont la particularité d’être tous deux natifs de Béjaïa et d’être d’anciens cadres de l’Education nationale. Avant de prendre sa retraite en tant que directeur de collège, Azeddine Taguemount était professeur de mathématiques, depuis 1962, à Béjaïa, ville où il est né en 1935 et où il vit toujours. Il a à son actif quatre ouvrages. Le premier, un roman intitulé « Arezki Oulbachir ou l’itinéraire d’un juste », publié par l’ENAL en 1984, qui retrace, lit-on dans la fiche de présentation, l’histoire romancée d’un bandit d’honneur ayant pris les armes pour combattre solitairement l’injustice coloniale. Arezki Oulbachir était considéré comme un bandit ordinaire qui ne reculait devant aucun crime alors que, explique l’auteur, il était en fait un militant de la justice. Le second ouvrage est un dictionnaire trilingue (kabyle, français, arabe), publié aux Editions Berti en 1990. Quant aux derniers ouvrages de l’auteur, ils traitent de l’histoire de l’Afrique du Nord durant les VIIème et VIIIème siècles, c’est-à-dire de la conquête de cette région par les Arabo-musulmans venus d’orient. Dans l’ouvrage intitulé « la résistance de l’Afrique du Nord à la conquête arabe », l’auteur, après avoir décortiqué de ouvrages de référence de nombreux historiens tels qu’Ibn Khaldoun et Benabdelkrim, met en lumière 140 ans d’histoire de notre pays. Le quatrième livre qui a pour titre « La Reine Dihya », publié en 2012 par les Editions Tira de Béjaïa, est en fait une pièce de théâtre qui pourrait servir d’illustration à l’ouvrage précédent. La Reine Dihya, qui est pour l’auteur le symbole de la résistance éternelle de notre pays à l’occupation étrangère, a défendu au prix de sa vie la liberté de son peuple et l’intégrité de sa patrie. Le second intervenant du café littéraire, l’écrivain Abdelhamid Ghermine, né le 15 décembre à Béjaïa, est aussi un enseignant en retraite. Durant sa carrière, il a exercé dans tous les cycles de l’enseignement pour finir sous-directeur de l’organisation pédagogique au sein de la direction de l’Education de Béjaïa et proviseur de lycée. En 2002, il prend sa retraite et se retire dans le pittoresque et millénaire village de Toudja, où il se découvre une passion pour la littérature d’histoire, notamment traitant de la guerre d’Algérie. Aussi, il se mit à narrer, quand ce n’est pas sa propre expérience, celle de son entourage immédiat qui vécu dans sa chaire les affres de la guerre. Son premier livre est un récit intitulé « Qui se souvient de la guerre », publié aux Editions Talantikit en 2007. Il relate l’histoire d’un Moudjahid qui a rejoint l’ALN à l’âge de 18 ans et qui a combattu pour son pays jusqu’au jour où il tombé dans embuscade tendue par les forces ennemies. L’autre ouvrage, qui a pour titre « La nuit rouge de Bouberka », est sorti en 2010, de la même maison d’édition (Talantikit). C’est un roman qui narre l’histoire d’un jeune qui, après avoir été torturé dans les locaux de la police judiciaire, rejoint les rangs de l’ALN pour combattre l’injustice jusqu’à l’indépendance. Par ses écrits, l’auteur a tenu à évoquer les mérites des humbles maquisards, qui sont loin des feux de la rampe et des médias, mais qui sont en réalité les vrais héros de la guerre de libération nationale. Les écrits d’Abdelhamid Ghermine sont, en fait, des témoignages sur la façon de vivre des Moudjahidine durant la guerre et sur les misères qu’ils ont endurées durant ces années là. « La nuit rouge de Bouberka » traite particulièrement du massacre des habitants du village de Bouberka, dans la région de Toudja. En une nuit, celle du 22 mars 1956, il y eut le massacre de 15 victimes, dont une femme enceinte de sept mois. Cette femme, qui a été par la suite vengée par son mari, a été abattue de sang froid par un officier de l’armée française. Durant la guerre, ce village où vivaient 120 âmes, précise l’auteur, a perdu 21 de ses meilleurs enfants.
B. Mouhoub.