Tizi-Ameur se souvient de Hsissen

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L’association «Anadi», du village Tizi-Ameur, relevant de la  commune de Aïn-Zaouia, ainsi que l’association de la maison de jeunes de cette localité ont tenu à rendre hommage, le week-end dernier, à un des meilleurs chanteurs du chaâbi, feu Larbi Ahcène dit Hsissen, dont la famille est originaire du village.

En effet, la famille de feu Hsissen est originaire du village Tizi-Ameur, du côté de Bou Mahni. Devant la dureté de la vie, son père qui travaillait chez un colon avait décidé de se rendre à Alger où il pensait  améliorer son quotidien. Il s’établit dans la Casbah où naquit, le 8 décembre 1920, son fils Ahcène. Le petit Ahcène, comme tous les autres enfants algériens de son âge, prendra très vite conscience de sa condition de colonisé d’autant plus que dans la capitale, la différence entre les conditions de vie des deux communautés était frappante. Aussi, dès son plus jeune âge, alors qu’il était encore à l’école primaire, Hsissen court à travers les ruelles d’Alger pour gagner sa vie et aider son père en vendant des journaux. Ce n’est donc pas un hasard si dans sa célèbre chanson «Rafdhah Tavalizt», on entend  quelqu’un crier «ya Larvi hagui Ijarnanène ar Ethmachint !» (Larbi, fais monter les journaux dans le train !). «Cela révèle tout un pan d’histoire. La distribution des journaux se faisait par le biais du chemin de fer», nous raconte un membre du bureau de l’association « Anadi », avant d’enchaîner sur les débuts de Hsissen dans la chanson chaâbi. Cependant, bien avant la révolution, côtoyant quotidiennement de nombreux militants, il sera happé naturellement par ce mouvement des nationalistes en devenant militant du MTLD. Néanmoins, se sentant en danger alors que la «bataille d’Alger» était engagée, il embarque pour la France où il retrouvera d’autres mélomanes qu’il avait connus à Alger, surtout le célèbre auteur-compositeur  Missoum qui l’aidera à enregistrer ses chansons les plus connues comme : «n’har el djemaâ rah taïri», «ettefakar el mout oua lekbar ya inssani», «natloub rabbi yaafou âliya», «fessemkala», «el bez» et surtout «Refdhagh Tavalizt». Etant un nationaliste convaincu, ne voulant à aucun prix se soustraire au devoir national, il décide de rejoindre La lutte de libération en se rendant à Tunis où il intégra la troupe du théâtre du FLN aux côtés de Farid Ali, Mustapha Kateb et beaucoup d’autres interprètes et acteurs dont les noms sont restés gravés dans les pages de notre histoire. Malheureusement, le 29 septembre 1959, à l’âge de 39 ans, Hsissène rendra l’âme après avoir lutté contre une grave maladie qui aura le dessus sur lui à l’hôpital Saddikia de Tunis. Il  sera enterré au cimetière El Jadida, à une vingtaine de kilomètres de la capitale tunisienne.  Après bien des démarches, entreprises par l’association «Anadi» de Tizi-Ameur, ses ossements ont été rapatriés le 29 septembre dernier et ont été enterrés au cimetière d’EL-Kettar à Alger, non loin de sa Casbah natale. Cet hommage qui lui a donc été rendu, dans son village d’origine, a vu la participation des deux chorales du village Tizi-Ameur et de celle de la maison de jeunes, ainsi que de deux troupes de théâtres. En parallèle, s’est tenue une exposition de photos et d’articles de presse racontant la vie et l’œuvre de ce grand chanteur interprète, à côté d’une exposition d’objets traditionnels de la localité.          

 Essaïd Mouas

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