La 4ème œuvre d’Azzedine Taguemount , écrivain né en 1935 à Béjaïa, ville où il vit toujours, où il enseigna les mathématiques et où il fut directeur de collège jusqu’à son départ à la retraite, est une pièce de théâtre intitulée « La reine Dihya, (Kahina)», parue en cette année 2012 aux Editions TIRA de Béjaïa. Ecrite en six actes, chacune de ses répliques est ciselée sous forme de sentence. La pièce met en évidence la résistance héroïque de la reine Dihya, reine des Amazighs, face aux conquérants arabo-musulmans qui « sous le couvert de la diffusion de la nouvelle religion, envahissent le pays, pillent ses richesses enlèvent en captivité les filles et les enfants ». Après le décès de son mari, le prince souverain Imzem, mort au combat pour la liberté et l’intégrité du territoire et celle, pour la même cause, de son fils, le prince souverain Koceila, Dihya, que les Arabo-musulmans, en raison de la presque invincibilité de ses soldats, appelaient « Kahina », c’est à dire magicienne ou sorcière, est proclamée reine souveraine par l’ensemble des chefs de tribus amazighes. Au cours des combats, aux cris d’ « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand), les soldats de la reine Dihya répliquent « il n’y a rien de plus grand que la liberté ». Et grâce à sa stratégie militaire et à la vaillance de son fils Badis, la reine des Berbères remporta victoire sur victoire et fit des prisonniers dont un érudit du nom de Khaled. Pour montrer son côté magnanime à ses adversaires, elle libère sans conditions les prisonniers. Elle garde cependant l’érudit Khaled dont elle fait un précepteur pour ses enfants Wansous et Yabdas. Mais attirés irrésistiblement par les contrées verdoyantes de Berbérie, les Arabo-musulmans se font de plus en plus insistants et nombreux aux frontières. La reine Dihya convoque alors le conseil des chefs de tribus et leur fait cette proposition : puisque les envahisseurs sont intéressés plus par le pillage de nos richesses que par autre chose, il y a donc lieu, propose-t-elle, de leur opposer la politique de la terre brûlée, c’est-à-dire de transformer les terres fertilisées par de nombreux siècles d’efforts en un désert inhospitalier et les populations seront cachées dans des endroits introuvables. Ainsi quand les envahisseurs arriveront, ils ne trouveront qu’un désert pareil au leur, ils repartiront aussi vite qu’ils sont venus. Et c’était là son erreur tactique car d’une part, les chefs de tribus n’étaient pas très disposés à suivre son conseil et d’autre part, beaucoup d’Amazighs avaient déjà adopté l’Islam comme religion et refusaient de ce fait de combattre leurs frères en religion. Même les propres enfants de la reine Wansous et Yebdas, sous l’influence de leur éducateur Khaled, ont prononcé la formule de foi des Musulmans. Ainsi affaiblie, l’armée des Amazighs perd du terrain. Son fer de lance, le prince Badis est mort au combat…
La reine Dihya qui a durant toute sa vie combattu pour la liberté de son peuple et l’intégrité de son territoire est pour l’auteur de la pièce le symbole éternel de la résistance de notre pays contre toute invasion étrangère. Elle est le symbole de la liberté. Et l’histoire humaine a rarement donné naissance à une femme aussi exceptionnelle.
B. Mouhoub
