La fille mariée à l’homme-ogre

Partager

3e partie et fin

Son choix est respecté. Quelques jours plus tard, le mariage est célébré. Au bout de sept ans de vie la jeune femme met au monde sept garçonnets. L’ogre-mari dont elle n’a rien deviné, lui demande un jour de l’accompagner chez lui. Elle accepte et demande à son père de lui ramener une servante pour l’aider à s’occuper des petits.La servante ramenée, le couple et les petits prennent la route vers la demeure du mari. Mais en fait de demeure, ce fut une grotte qui lui sert d’abri. Une fois à l’intérieur, l’ogre-mari attache son épouse et lui dit en ricanant : -Tu es entre mes mains maintenant ! Tu m’as humilié, il y a quelques années, mais aujourd’hui tu vas me le payer. Je suis un ogre, c’est pour me venger que je t’ai épousée ! Pour te punir, je vais dévorer tous tes petits, quant à toi, je vais te brûler sur un bûcher.Après avoir dévoré tous les petits, il part avec la servante dans la forêt. Il ramasse des fagots et les donne à porter à la servante. Voyant cette dernière seule, la femme entravée la supplie de la délivrer. Prise de compassion pour sa maîtresse, elle la libère et prend la fuite avec elle. Dans la forêt, l’ogre s’est douté que quelque chose se passait. Revenant sur ses pas, il les aperçoit juste au moment où elles allaient disparaître dans la forêt. Pour ne pas être rattrapées, elles se séparent et vont chacune de son côté. L’ogre les suit … mais bientôt, il abandonne la partie. Craignant pour sa vie, la femme se réfugie dans la tanière d’une lionne élevant ses petits.Elle se dit : -Tsif ayi thetch ethsedda Ouala ouaghzen am oua ! (Vaut mieux être dévorée par une lionne que par un ogre).Mais au lieu de la dévorer, la lionne lui confie ses petits. Tellement elle est dévouée, elle lui offre deux lionceaux pour la protéger. Un jour, elle décide de retourner chez son père accompagnée par les deux lionceaux devenus lions. Elle raconte toute son histoire à son père, qui est resté à la maison, car entre temps ses sœurs se sont toutes mariées. Après avoir écouté son récit, son père lui dit : “Quand j’étais revenu du pèlerinage, il fallait tout me raconter, je me serais méfié de cet homme-ogre qui paraissait très gentil, mais puisque tu lui as échappé, c’est l’essentiel, ma fille. Je vais t’aider à refaire ta vie tu es encore jeune, tu peux avoir beaucoup de petits. Essaye d’effacer de ta tête tout ce que s’est passé !-Je me rends compte maintenant que j’ai fauté de ne t’avoir rien dit, car nous avions décidé à l’unanimité, mes sœurs et moi, de garder le secret afin de ne pas te chagriner.”Après que le malentendu soit dissipé, la vie reprend peu à peu ses droits au sein de la famille. Pour fêter le retour de la benjamine que tout le monde croyait perdue, le père invite toutes ses filles mariées à célébrer l’événement. Cependant, l’homme-ogre a retrouvé la trace de la femme. Voulant lui faire payer tout ce qu’elle avait fait, il arrive près de la demeure de son beau-père déguisé en serviteur de l’ag’ellid’ (roi) du pays. Il se fait passer pour son envoyé et dit a père enchanté : “L’ag’ellid’ de ce pays marie aujourd’hui sa fille ; il vous demande d’assister à la cérémonie avec toute ta famille à l’exception de la benjamine de tes filles qui devra rester à la maison pour la garder.”Ne se doutant de rien, le père suit avec ses six filles le faux serviteur qui les emmène vers le palais. Comme il faisait chaud, à un certain moment les filles demandent à boire, c’est l’instant qu’attendait l’homme-ogre, qui avait glissé dans l’outre un puissant somnifère. Tout le monde boit et, aussitôt, tombe dans les bras de Morphée. Les laissant endormis, il retourne chez la benjamine. Dès qu’il la voit, il lui dit : D’-argaz im nekini Akem tchagh assagi ! (Je suis ton mari, je vais te dévorer aujourd’hui !)Feignant d’avoir peur, elle rentre pour se cacher, le mari-ogre la suit, mal lui en prit, il trouve en face de lui les deux lions qui le mettent en charpie. Après que l’effet du somnifère se soit dissipé, le père et ses filles reviennent chez eux où ils sont accueillis par la benjamine qui les informe qu’à partir de ce moment, ils vont vivre en paix du fait que le mari-ogre a été tué. Tout le monde est soulagé, une nouvelle vie moins mouvementée s’annonce pour la benjamine des filles et pour toute la famille”.“Our kefount eth’houdjay i nou our kefoun ird’en tsemz’ine. As n-elâid’ anetch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. » (Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’Aïd, nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).”

Benrejdal Lounèsbenrejdallounes@yahoo.f

Partager