Sale temps pour Belkhadem et Ouyahia

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Les deux partis ayant le plus d’élus au niveau des institutions connaissent une agitation croissante à leurs bases qui demandent le départ, pur et simple, de leurs secrétaires généraux, Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia. 

Si au FLN, on reproche au SG d’avoir dévoyé la ligne du parti, au RND, en revanche, les opposants, menés par Tayeb Zitouni, veulent en finir avec celui qui aurait réalisé un « bilan catastrophique» depuis son intronisation à la tête du parti. Les redresseurs du FLN sont revenus, cette semaine, à la charge pour demander au secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, de se soumettre au vote lors du prochain Comité central. Dans une conférence de presse tenue à Alger, Abdelkrim Abada, coordinateur général du « mouvement de redressement et d’authenticité » n’est pas allé de main morte pour appeler également les récalcitrants à rejoindre le mouvement, pour démontrer à Belkhadem qu’il est vraiment «indésirable» par ses pairs et accélérer, ainsi, l’heure de son départ. Abdelaziz Belkhadem aurait commis, selon Abada, «un grave coup d’Etat contre l’identité le discours et les principes du FLN, en changeant sa composante sociologique nourrie des sources de novembre, contre des personnes sans conviction, à l’histoire familiale douteuse et n’ayant qu’un seul centre intérêt, l’argent». M. Abada a indiqué que son mouvement est « en passe d’élaborer un projet d’audition du secrétaire général par la base et les structures du parti », estimant que l’actuel SG « n’a pas honoré sa promesse faite avant les élections locales, lorsqu’il s’était engagé à présenter sa démission si le parti ne remporterait pas plus de 1 000 communes ». M. Abada a appelé M. Belkhadem à « présenter sa démission, du moment que le parti n’a remporté la majorité absolue qu’au niveau de 159 des 500 communes où il occupe la première place, des communes qu’il gère dans le cadre d’alliances avec d’autres partis ». Pour M. Abada, les résultats du parti lors des dernières élections étaient « catastrophiques », le FLN ayant remporté lors des locales de 2005, la majorité absolue dans 800 APC et 43 APW. Lors de sa rencontre avec la presse, le chef de file des redresseurs du FLN n’a pas manqué de dénoncer la marginalisation des compétences, lors de la confection des listes de candidatures pour les élections locales, « les poussant à se porter candidats dans d’autres partis », alors que « les détenteurs de fonds ont été placés têtes de liste ». L’on a appris, par ailleurs, qu’une  conférence nationale du mouvement aura lieu le 5 janvier prochain, avec l’objectif d’élaborer un programme d’activités pour l’étape à venir, a déclaré Abada. Même son de cloche au sein du RND. En effet, si la contestation a commencé il y a fort longtemps, les adversaires de l’ancien Premier Ministre, Ahmed Ouyahia, ne cessent de monter au créneau, ces derniers jours, pour réclamer le départ de celui qu’ils qualifient de « despote au bilan catastrophique ». Les termes ont été soigneusement choisis par Yahia Guidoum, ancien ministre et chef de file des redresseurs qui veulent chasser Ahmed Ouyahia du RND, alors qu’il dirige ce parti depuis 1999. L’ancien ministre de la Santé ne mâche pas ses mots pour appeler Ouyahia à quitter « le plus tôt possible » son poste de SG.  « Depuis plusieurs années, la gestion administrative dévoyée et autoritaire de façade a été la marque déposée du parti, à telle enseigne que certains titres l’encensaient. A cette grave dérive, nous avons opposé notre silence responsable, arrimé à notre éducation et notamment au respect de notre adhésion initiale au parti. Nous sommes et nous mourrons RND », a confié ainsi, Yahia Guidoum, selon lequel Ahmed Ouyahia, face aux revendications des militants du RND, « est resté muré dans son aveuglement ». « En toute objectivité c’est nous, et seulement nous, qui avons porté le SG à ce poste de responsabilité. A l’époque, nous avions vu en lui un jeune cadre compétent, ouvert à la concertation et, surtout, rassembleur. Il devait, avec notre concours, porter le RND au sommet des formations politiques. Malheureusement, il a pris le chemin que lui-même, au départ, dénonçait, une gestion despotique, absence totale de dialogue et réflexe absolu des faibles: Vous n’avez rien à dire, je sais mieux que vous tous ! », a encore révélé le porte-parole du mouvement de redressement qui veut « libérer » le RND du joug d’Ahmed Ouyahia, car ce parti fait face, aujourd’hui, à « un bilan catastrophique ». Un bilan qu’Ahmed Ouyahia ne cherche même pas à assumer, s’indigne enfin ses détracteurs.

 Ferhat Zafane 

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