Des Moudjahidine racontent…

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Il y a cinquante-quatre ans, le 6 janvier 1959, la région d’Aït Yahia Moussa a vécu l’une des plus grandes batailles de la révolution algérienne qui s’est déroulée à Bougarfène. 

Pour commémorer cette date historique, des Moudjahidine d’Ait Yahia Moussa, de Draâ El Mizan et d’autres régions, se sont recueillis, avant-hier, sur les tombes des 385 Chouhada enterrés au carré des martyrs tombés lors de cette bataille, pour se remémorer cette journée restée gravée dans la mémoire collective. Selon les témoignages de certains Moudjahidine encore en vie, l’armée française a usé de gros moyens, notamment aériens, usant de bombardements pour assister ses troupes terrestres. 

À l‘origine de cette grande bataille, une rencontre que devait abriter l’ex Oued Ksari, plus précisément la maison de Krim Belkacem. “Le cinq janvier, le colonel Si M’Hamed avait chargé Si Moh Nachid de ramener Si Azeddine et Si Omar Oussedik à la maison des Krim où ils devaient rencontrer le colonel Si Mohamed et le commandant Si Ahcène Mahiouz, accompagnés de plusieurs officiers de la wilaya III, rentrés d’une réunion importante tenue à l’Est du pays avant de se rendre en Tunisie», nous a-t-on raconté. Grâce à ses indicateurs, l‘armée française a eu vent de cette rencontre. “Nous étions chargés de la surveillance sur les crêtes. Au matin du 6 janvier, nous avions entendu des camions militaires qui arrivaient de partout», témoigne un survivant. Mais, selon d’autres témoignages, c’est Si Moh Nachid, en fin stratège militaire, qui a réussi à sauver tous les officiers et les responsables de l’ALN en les faisant sortir intelligemment de la zone déjà encerclée, jusqu’à atteindre le Djurdjura où ils ont été pris en charge par d’autres Katibates. L’armée coloniale a voulu mettre la main sur ces hauts responsables, car on parlait même de la présence du colonel Amirouche. Et c’est ainsi qu’elle avait mobilisé plus de 20 000 hommes, assistés par de gros moyens aériens. Le 6 janvier au matin, les combats ont commencé à Bougarfène, Tafoughalt, Tizi Gazgarène, Ath Mouh Kaci… En fait, toute la région était sous les feux de l’armée française. Les morts se comptaient par centaines. Le fait marquant de cette grande bataille fut la capture par les Moudjahidine de l’ALN de deux officiers français, le lieutenant Chassin et le capitaine Grazziani, un tortionnaire notoirement connu pour ses atrocités commises à l’encontre de Moudjahidate dont Djamila Bouhired.  Les combats furent intenses dans les champs d’oliviers. Les occupants ont perdu des centaines de militaires, c’est pourquoi ils avaient recouru au pilonnage au Napalm des villages massacrant femmes et enfants. Du côté des Moudjahidine, 385 martyrs sont tombés au champ d’honneur. Depuis cette date du 6 janvier jusqu’à l’indépendance, Ait Yahia Moussa avait été déclarée zone interdite et des camps militaires ont été installés dans toute la région.  On croit savoir qu’un film est en préparation pour narrer cette bataille aux jeunes générations. 54 ans après, la commune d’Ait Yahia Moussa, qui compte plus de 2 000 martyrs, et des héros de la Révolution dont le colonel Krim Belkacem, signataire des accords d’Evian, reste en marge de développement. Ce constat est apparent avec toutes les commodités pour une vie décente, notamment l’assainissement, l’eau potable et le gaz naturel, qui manquent dans cette contrée que les citoyens ne cessent de réclamer.

Amar Ouramdane 

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