Que se passe-t-il à Sbihi ?

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Le décès des trois parturientes en moins d’une semaine, à la fin du mois de décembre dernier, au niveau de la clinique Sbihi Tassadit de Tizi-Ouzou, continue de défrayer la chronique. 

Le mari de l’une des victimes soutient qu’il y a eu « négligence » au niveau de la structure sanitaire qui a déjà tant fait parler d’elle par le passé Encore sous le choc et ne parvenant toujours pas à accepter ce « coup du sort », M. Djamel, époux de l’une des trois parturientes ayant perdu la vie au niveau de la clinique Sbihi de Tizi-Ouzou a voulu raconter son histoire et « interpeller l’opinion publique sur ce qui se passe au sein de la clinique Sbihi », dira-t-il. Près de deux semaines après le drame, le jeune homme n’arrive toujours pas à s’expliquer comment un moment de joie, généré par la venue au monde de son premier enfant, s’est subitement transformé en un cauchemar et une immense douleur, avec le décès de la maman. « Ma femme a accouché par césarienne, le mercredi 26 décembre à 18h. Nous étions tous les deux en contact après la naissance de notre bébé. Elle m’a, en effet, appelé à trois reprises. Heureuse, elle m’a rassuré et affirmé qu’elle allait bien. Elle semblait d’ailleurs l’être. J’étais rassuré et content de savoir que ma femme et mon fils se portaient bien », signalera Djamel qui ajoutera : « c’est à 4 heures du matin que l’état de ma femme s’est dégradé. Elle m’a appelé pour me dire qu’elle vomissait. Je lui ai demandé de réclamer de l’aide auprès du personnel du service où elle se trouvait ». Notre interlocuteur expliquera que sa jeune femme lui avait affirmé qu’aucun élément du personnel médical ne se trouvait dans le service. « Elle m’a dit qu’il n’y avait personne en service, puis, qu’elle commençait à vomir du sang », dira-t-il signalant qu’il a pu vérifier, par lui-même, ces faits après la récupération du corps de la défunte « dont la nuque était immaculée de sang ». Et c’est à partir de là que le mari n’aura plus de nouvelles de sa femme qui « ne répondait plus au téléphone », signalera-t-il. M. Djamel, restera ainsi sans nouvelles jusqu’au lendemain matin, « lorsque la direction de la clinique m’a appelé afin de me faire part du décès de ma femme», dira-t-il. Selon lui, il s’agit tout bonnement d’une « négligence », ajoutant : « une autre parturiente, qui se trouvait dans la même chambre que ma femme, m’a avoué qu’elle est allée elle-même voir l’infirmière à laquelle elle expliquera l’état critique de mon épouse. Mais l’infirmière se contentera de dire que c’est habituel ». Les larmes aux yeux, M. Djamel affirmera que lui, qui travaille au sud, y est resté 72 jours « uniquement pour pouvoir venir en cette période et célébrer le nouvel an avec la naissance du bébé. Malheureusement, c’est dans le deuil que je célèbre les deux évènements », confie-t-il. Il enchaînera en disant : « mon histoire, je la raconte pour que d’autres ne vivent pas ce drame. Cette clinique travaille, comme tout le monde le sait, au-delà de ses capacités, on ne prend pas bien en charge les parturientes. On se soucie peu des ces dernières et de leurs familles. Moi-même je n’ai pas pu voir ma femme depuis le jours où je l’ai déposée à Sbihi, le 25 décembre dernier, à chaque fois on m’en a empêché ».

La version de la direction dela clinique Sbihi 

Par ailleurs, Djamel s’interrogera: « Pourquoi on interdit les garde-malades, du moment qu’on connaît l’incapacité du personnel à veiller sur les malades ? ».  Par ailleurs, le directeur de cette clinique d’accouchement, M. Rabah Kitous, qui nous a reçus dans son bureau, reviendra sur les trois décès enregistrés au niveau de l’établissement qui « ont touché tous le personnel de l’établissement». Des décès qui sont survenus, selon lui, « le 26, le 27 et le 30 décembre derniers ». Il tiendra à signaler que le risque de décès lors des accouchements existe toujours. « Le risque de mortalité infantile et maternelle est permanant. Nos médecins et tout le personnel médical tentent de faire en sorte que ce risque soit réduit au minimum ». Pour les trois décès, le responsable déplorera le fait que « malheureusement, ils sont survenus à la même période » dira-t-il. C’est, selon lui, cette succession de décès qui peut soulever des questionnements. Mais il tiendra à informer que « les trois cas de décès sont différents ». Aussi, et sans aller dans le détail concernant les causes de ces décès, sauf pour un cas survenu suite à une hémorragie sévère, M. Triki, le directeur adjoint, soutiendra aussi les propos de son supérieur et dira : « les causes des trois décès sont différentes ». Tout en écartant l’éventualité d’une probable négligence, M. Triki ajoutera que « dans ce cas de figure, il existe des institutions compétentes pour faire un travail d’investigation et relever les lacunes, si lacunes il y a. Et dans ce cas-là les responsabilités seront définies et les sanctions prises ». Le premier responsable de l’établissement, M. Kitous, affirmera, par ailleurs : « nous avons accueilli les familles des victimes, en présence de tout le personnel médical qui a pris en charge les parturientes. Ceci, afin de leur fournir des explications et répondre à tous leurs questionnements. Et nous restons, d’ailleurs, à leur disposition ». Il nous présentera pour confirmer ses dires les dossiers détaillés des trois femmes décédées. Il ajoutera, dans le même sillage, que la clinique Sbihi, en plus d’être submergée et surchargée, « prend en charge les cas les plus difficiles, qui souvent sont orientés vers nous depuis d’autres établissements, qu’ils soient privés ou publics, de la wilaya ou d’autres wilayas limitrophes. Notre personnel, malgré la charge permanente, fournit des efforts considérables pour une meilleure prestation ».              

T. Ch.

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