Entre forêt et poussière

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La commune d’Ath Mansour compte actuellement plus de 10 000 habitants dont environ 70% vivent dans le chef-lieu de la commune, 5% dans les zones éparses et 25% dans les agglomérations secondaires (hameaux et bourgades). La superficie de la commune est de 8990 ha. Elle se situe dans une grandeur moyenne parmi les 45 communes que compte la wilaya de Bouira.Région à vocation agricole et pastorale située sur le grand axe routier qu’est la RN5, la terre d’Ath Mansour compte une superficie agricole de 4884 ha dont seuls 2365 ha constituent la SAU (surface agricole utile). Céréaliculture, oliveraie, vergers arboricoles et maraîchages continuent une ancienne tradition de polyculture végétale associée à l’élevage. Au vu de sa position géographique, à 40 km à l’est de la ville de Bouira et sur l’une des routes les plus importantes d’Algérie, la RN5, At Mansour serait logiquement destinée à un avenir florissant où se compléteraient tous les secteurs : commerce, tourisme, agriculture, artisanat et PME.Or, dans l’état actuel du développement, rien de tout cela ne pointe à l’horizon.Et pourtant des potentialités réelles existent, mais elles demeurent sous-exploitées. Le chef-lieu de la commune offre une image d’un village du début du 20e siècle, certes beau pour un esprit exotique, mais malheureusement étroit et peu développé pour ses habitants.Ath Mansour occupe la vallée faisant la jonction entre Assif Amarigh et la Soummam dans laquelle le premier se déverse.Nous sommes à 350 m d’altitude, sur une butte faisant face au Djurdjura au nord et au Massif des Bibans au sud. Les deux chaînes de montagnes semblent se regarder dans une atmosphère de féerie et de solennité. La route – la RN5 – est doublée par la voie ferrée sur son flanc nord et qui va aboutir, au bout de moins de 5 km, à la gare de triage de Béni Mansour, dans la wilaya de Béjaïa.Pour un visiteur qui passe pour la première fois par cette route, le spectacle le plus saisissant demeure le chantier de taille de pierre. Des jeunes, marteau et burin en main, s’affairent à donner à la pierre la forme, le poli et la configuration les plus parfaits pour la proposer à la vente. “Ce sont des pierres qui vont embellir les maisons cossues de Chéraga ou de Tizi Ouzou”, nous dira un adolescent dont le visage est recouvert de poussière et les mains crevassées profondément.La pierre est extraite des entrailles de la terre, à la lisière ou à l’intérieur de la forêt. Un peu plus loin, sur les bords d’Amarigh et au pied de la butte d’Azrou Kallal, des masses de poussière montent dans le ciel poussées par un vent de l’est. Elles proviennent des carrières et stations de concassage qui rongent chaque jour davantage les espaces de verdure. Ces derniers sont constitués par la pinède de Béni Mansour vaste de quelque 3640 ha dont plus de 90% appartiennent à l’Etat (forêt domaniale). La pinède de Béni Mansour commence à moins de 2 km au sud de Taourirt, village duquel elle est séparée par des terrains agricoles (céréales et oliveraies). Les deux premiers cantons, Tichy et Iguéni, sont situés sur deux crêtes séparées par une anfractuosité où passe une piste cahoteuse empruntée par les paysans ayant des propriétés là-haut, à Adrar Seggan, Tal n’Tebhirine ou Tala Ibaouène.Le massif s’élargit vers le sud formant des tentacules allant de Azrou Oughilès à Tassif Oulba, près du hameau du Rodha. Sur plusieurs endroits, la forêt est endommagée par les incendies.Mais, la force de la nature est plus grande puisque la régénération du pin d’alep est partout visible. Le même spectacle continue jusqu’à la limite avec la wilaya de BBA, au niveau du cours d’eau de Karma. La clairière de Tala N’tebhirine, appartenant à des particuliers et vaste de 106 ha, est un petit paradis sur terre. Pelouses, oliviers, figuiers, ruines de maisons et eau coulant à flot sur le côté gauche de la clairière confèrent à ces lieux une ambiance de sérénité et de retraite spirituelle. Sur cette butte, le Djurdjura apparaît avec des dessins plus prononcés et des couleurs printanières plus chatoyantes. Malheureusement, comme nous le fait remarquer un vieil immigré de la région, “On ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraîche.” Entre la forêt et la poussière, quels horizons pourront s’ouvrir pour les Ath Mansour ?

Amar Naït Messaoud

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