Des centaines de jeunes, emmitouflés de la tête aux pieds pour affronter les morsures du froid glacial qui sévit dans les plaines du plateau d’El Esnam, sont dans les champs de patates dès 7h du matin. D’horizons différents, ces jeunes ouvriers saisonniers sont pour la plupart d’entre eux originaires des wilayas lointaines. Farid originaire de Mascara effectue deux fois par an le déplacement à Bouira, et plus particulièrement à El Esnam pour la récolte de pommes de terre. À chacun des voyages, il se fait accompagner par plusieurs de ses camarades, qui comme lui, se sont au fil des années, spécialisés dans l’arrachage de la pomme de terre. Pour Farid, les conditions de travail sont extrêmes et ingrates en même temps : « On travaille dans le froid sans aucune condition de sécurité nous ne sommes ni assurés ni couverts en cas d’un quelconque accident… » Notre interlocuteur nous a informé que même si son job de saisonnier est rude, sa rémunération n’est toutefois pas à la hauteur des peines endurées : « Nous travaillons à la tâche….le plus souvent nous demandons à être payés selon la surface traitée, mais les agriculteurs refusent souvent, ils préfèrent nous payer au filet (sac d’environ 50 kg ndlr). On nous paye 50 dinars au filet, d’autres à 100 dinars, mais le prix varie selon la surface exploitée. D’ailleurs, c’est pour cela que nous essayons toujours de négocier des parcelles complètes, ça nous fera plus d’argent à l’hectare, mais les agriculteurs ont d’autres calculs ». Interrogé sur cette réticence à payer l’arrachage des tubercules sur une surface bien déterminée, un exploitant agricole d’Aïn Bessam ayant loué plusieurs hectares dans les plaines d’El Esnam nous avouera que cette manière de payer ne lui était pas avantageuse:« Vous savez les jeunes demandent toujours a être payés à la surface qu’ils ont exploité cependant je peux vous dire qu’en fin de journée, si on vérifie le travail, on retrouvera que des parcelles entières n’ont pas été complètement retournés et plusieurs kilos de pommes de terre demeurent enfouis, de ce fait payer l’arrachage à la surface n’est pas rentable pour nous. Nous préférons rémunérer nos ouvriers au sac. Au moins, les filets sont remplis et les surfaces exploitées sont bien faite». Notre interlocuteur ajoutera que sur dix sacs de pommes de terre récoltés, il en offre un à chaque ouvrier, une manière de les encourager dans leurs efforts.
H. B.
