1re partie
«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longueet se déroule comme un long fil).
Réussir à faire d’un tyran un homme sage et éclairé, c’est la prouesse à laquelle est arrivée une femme intelligente et digne de regret. Je vous invite à lire cette histoire tirée d’un conte du terroir. Il était une fois un ag’ellid (roi) tyrannique qui avait des lubies. Amateur d’énigmes, un jour, il appelle à sa cour ses sujets et leur dit ceci : “Anta tejra id itsaken thanch n’el fakyath ? (Quel est l’arbre qui peut donner douze variétés de fruits). Vous avez une semaine devant vous pour trouver la réponse, au-delà, je vous couperai à tous la tête”. La population est paniquée, ceux qui peuvent changer de pays le font en toute hâte, ce sont des privilégiés, quant à la masse, elle attend avec anxiété la fin du délai accordé.Une fois le délai passé, les gens commencent à se présenter au palais, comme ils ne connaissent pas la réponse à donner, ils sont exécutés.Parmi eux, il y avait un pauvre homme qui avait laissé sa femme sur le point d’accoucher, voyant qu’il était le suivant à être décapité, il ose dire au roi tyran ceci :“Majesté, je ne connais pas la réponse à l’énigme donnée, mais je supplie votre seigneurie de m’accorder un petit délai, jusqu’à ce que ma femme puisse mettre au monde son enfant. Une fois que je le verrai, je vous promets que je reviendrai pour subir le châtiment que vous avez instauré pour vos incultes sujets !”Comme il avait assez tué ce jour-là, l’homme eut la chance de sa vie. Le monarque ordonne au bourreau de l’épargner; Le pauvre homme retourne chez lui et trouve sa femme délivrée. Elle avait donné naissance à une petite fille d’une inégalable beauté. Yeux verts, cheveux soyeux et dorés. Prenant le beau bébé dans ses bras, il lui dit à haute voix : “Je suis content de t’avoir ma fille, mais ma joie sera de courte durée, dans une semaine je serai décapité, par conséquent, je ne te verrai pas grandir et encore moins assister à ton mariage. Cela me chagrine beaucoup, mais je ne peux rien faire, je ne connais pas la réponse à donner à cette énigme qui me torture l’esprit : Quel est l’arbre qui peut donner douze variétés de fruits ? Je n’en ai aucune idée ! J’ai beau me triturer la cervelle, je n’arrive pas à trouver”.Après avoir posé sa petite fille dans son berceau, l’homme l’entend lui dire distinctement par la grâce de Dieu : “Our tsaga’d a vava, aq line d’a !” (Ne crains rien papa, je suis là!).Continuant à parler, elle lui dit : “Va dire au roi de ce pays que l’arbre qui peut donner douze variétés de fruits, c’est l’année qui comporte douze mois et chaque mois est différent de l’autre.”Le pauvre homme est interloqué, il n’a jamais vu un bébé parler au berceau, s’il en parle, on va le prendre pour un fou. Soupesant la réponse qui lui a été soufflée par sa petite fille, il la trouve juste et se dit que c’est le “melk” (l’esprit) qui a parlé par la bouche du bébé. Il retourne au palais et donne au monarque la réponse à son énigme. Il est surpris par la réponse donnée, qui était judicieuse et sensée. L’hécatombe est finie. Le roi lisse sa barbe et appelle le pauvre homme et lui dit :“Je suis sûr que la réponse que tu m’as donnée ne vient pas de toi, qui te l’a suggérée ?”“En effet, Majesté, ce n’est pas un inculte comme moi qui peut trouer la clé d’une énigme provenant d’un roi aussi cultivé que toi ! C’est ma fille !”“Quel âge a ta fille ?”“Elle est née la semaine passée !”“Grâce à elle ta vie est épargnée, tu vas de ce pas voir mes intendants qui vont te donner tout ce dont tu as besoin pour l’élever. Tu ne manqueras de rien désormais, quant ta fille aura atteint sa majorité, je l’épouserai”.
A suivreBenrejdal Lounès[email protected]