Tizi-Gheniff : Les anciennes huileries tombées en désuétude

Partager

Ce n’est pas uniquement dans la daïra de Tizi-Gheniff  que  toutes les anciennes huileries sont complètement abandonnées. Elles le sont pratiquement toutes dans la wilaya de Tizi-Ouzou. A Tizi-Gheniff  et  à M’Kira par exemple,  seules deux huileries modernes font face à toute la récolte de cette  année. « J’attends mon tour depuis une quinzaine de jours déjà », se plaint ce citoyen qui désespère de voir le fruit du labeur de toute la famille. En effet, devant ces deux huileries modernes, des centaines de sacs sur lesquels sont déposés des jerricans ou des fûts en plastique attendent  leur broyage. « Nous faisons tout notre possible pour satisfaire la demande mais nous ne pouvons pas aller plus vite que les machines », nous confient certains ouvriers chargés du raffinage, en ajoutant qu’ils sont tout aussi stressés que les oléiculteurs, d’autant plus qu’une panne d’une pompe entraînerait inexorablement  des  retards dans l’immense travail qui les attend. Il faut signaler que plusieurs facteurs poussent les fellahs à diriger leurs récoltes vers les huileries modernes. « Il n’y a pas à réfléchir pendant des heures. Il est très facile de choisir entre la modernité rapide, efficace et fiable et l’archaïsme. C’est tout simple !», nous déclarent plusieurs interlocuteurs rencontrés près de ces huileries. A l’époque de nos grands-parents, les premières huileries utilisaient les bêtes de somme pour le concassage et la force des bras pour le pressage. Un changement eut lieu au début des années quarante, après la seconde guerre mondiale, lorsque survint le moteur à essence et les pressoirs hydrauliques. « Ce n’est qu’à partir de 1995 que les huileries modernes sont apparues. La chaîne fut complètement automatisée jusqu’au raffinage de l’huile, avec uniquement un ou deux ouvriers qui veillent au bon fonctionnement de l’ensemble », nous déclare Si Rabah, heureux d’avoir rempli ses bidons. « Maintenant, avec ce système moderne, dès  que je connais le poids de ma récolte, je sais exactement la quantité d’huile que j’aurai. En moyenne mes olives ont un rendement de 22 litres au quintal. Si le raffinage était encore effectué dans les anciennes huileries, j’aurai au maximum 15 ou 16 litres au quintal », nous confie notre interlocuteur. Cependant, certains oléiculteurs ne sont pas de cet avis et préfèrent se rendre encore dans les anciennes huileries quand elles sont en service. « C’est vrai que  dans les huileries modernes, les olives sont lavées avant le broyage et le rendement est supérieur à celui des anciennes, néanmoins, la qualité et le goût de l’huile s’en ressentent. Avec l’ancien système de raffinage, nous obtenons une huile extra vierge qui n’a pas été altéré par la forte chaleur au moment du pressage. Je préfère avoir un litre d’huile extra vierge que cinq ou six d’une qualité moindre », nous confie cet autre interlocuteur du village de Tahachat. Par ailleurs, il est à noter, avec regret, que seul un citoyen de la localité de Tizi-Gheniff investit actuellement dans ce domaine, alors qu’à M’Kira, où les oliveraies occupent une grande place, si ce n’est la première dans le domaine agraire, personne ne s’y intéresse, même pas dans le cadre de l’ANSEJ ou autres aides.                      

 Essaïd Mouas

Partager