La commission Ziari enquête à Sbihi

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La commission d’enquête ordonnée par le ministre de la Santé de la Population et de la Réforme hospitalière, au lendemain du décès de plusieurs parturientes admises à la clinique maternelle Sbihi, est depuis hier à pied d’œuvre à Tizi-Ouzou. Elle était attendue dans la matinée, mais finalement elle n’est arrivée qu’en milieu d’après-midi. Sur place, on avait même cru que la venue de ladite commission a été renvoyée à un autre jour. « Ils devraient venir demain ou plus tard. De toutes les façons, on les attend et ils peuvent débarquer d’une heure à l’autre ». C’est les propos d’une voix officielle de l’établissement, en milieu de journée. Par « ils », l’interlocuteur parlait bien évidemment des membres qui composent la dite commission qui a été dépêchée à partir du ministère de la Santé. Son objectif est d’examiner les conditions dans lesquelles sont décédées les quatre parturientes qui ont succombé dans l’établissement même, mais aussi l’état dans lequel ont été évacuées les deux autres victimes qui ont rendu l’âme, respectivement dans un hôpital algérois et au CHU de Tizi-Ouzou, pour la dernière en date, laquelle, doit-on rappeler, aurait été évacuée dans une situation d’insuffisance rénale aigue, alors qu’elle n’en souffrait point avant son admission à la clinique, come révélé par une source proche de la défunte. Pour rappel, c’est le ministre Ziari, en personne, qui a ordonné cette enquête lors de sa visite dans la wilaya, jeudi dernier. M. Kitous, directeur de l’EHS Sbihi, qui nous a reçus, hier en matinée, dans son bureau, avait confirmé l’arrivée imminente de la commission. Comme il confirme sa mise en place prévue durant la semaine en cours. « Nous ne savons pas quand cette inspection viendra. Ça peut-être aujourd’hui (ndlr hier), demain ou un autre jour. Mais nous l’attendons à tout moment », a-t-il ajouté non sans faire la remarque qu’il était, personnellement, « en congé maladie». Bizarre ! En tous les cas, la commission a fini donc par débarquer en milieu d’après-midi. A en croire des indiscrétions aux faits de ce qui se trame autour de ce dossier sensible, les membres de la commission, composée selon une source de quatre inspecteurs, ont été reçus dès leur arrivée à Tizi-Ouzou par le directeur de la santé. Les auditions des responsables de la clinique devraient commencer aujourd’hui, si elles n’ont pas été déjà entamées, hier. On ignore, toutefois, la liste des personnes que la commission compte écouter, pour ne pas dire à qui elle demandera de s’expliquer, et à quel niveau se feront les séances. Est-ce au niveau de la clinique ? Ou les inspecteurs choisiront-ils de travailler en dehors de l’établissement pour mener leur enquête loin toute éventuelle influence ? Mais à en croire des sources avisées de la chose sanitaire, « une virée au niveau de l’établissement s’impose pour s’imprégner déjà des conditions de travail et, surtout, de la structure, de ses équipements, du mode de gestion de manière générale… ». En effet, on croit savoir que les inspecteurs ne devraient pas se limiter à éplucher les dossiers médicaux des défuntes, mais devraient aussi mettre le doigt sur la gestion globale de l’établissement, notamment son fonctionnement, l’assiduité l’absentéisme… Aussi, cette information, qui reste à vérifier, qui dit que le directeur de l’établissement aurait déjà manifesté son intention de démissionner. A-t-elle un rapport avec son « congé maladie »? Ou s’agit-il, là d’une fausse rumeur ? Les jours à venir nous renseigneront sans doute d’avantage sur la question. Il faut signaler, enfin, qu’en principe, « Sbihi » compte, selon les derniers chiffres communiqués par M. Triki, directeur-adjoint de la structure, cinq gynécologues, six réanimateurs, quatre pédiatres et vingt médecins généralistes. Sa capacité d’accueil est de 72 lits. Ces dernières années, l’EHS Tassadit Sbihi connait, selon le même responsable, « une terrible pression quotidienne, avec l’afflux de parturientes qui viennent non seulement de toutes les daïras et communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, mais aussi des wilayas limitrophes ».

 Samira Bouabdellah

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