Vois ce que les jours nous ont réservé !
Si je m’étais bien conduit à ton égard,
Aujourd’hui, je ne serais pas resté esseulé.
Mon cœur par le péché est aveuglé
Et par les peines, démembré.
Dans le désert, je me suis brisé les ailes.
Les vautours se sont attaqués à ton sort ;
Personne ne les en a délogés ;
Ils l’on dépecé en plein jour.
Si tu avais heureuse fortune,
Tu ressemblerais à tes congénères :
Tes ramures porteraient ombrage.
Mieux eût valu ne pas te rencontrer.
Si l’on ne s’était pas donné parole,
Je me serais bien résigné.
Ton ciel se charge de gros nuages,
Et un fleuve de soucis
Te lapide par le souvenir.
Moi je suis de fer et ton péché est l’aimant.
La fougue hante tout mon être ;
Elle ne cherche que moi.
Aujourd’hui, tu as un enfant ; grand bien te fasse !
Moi, comme un oiseau,
Partout on m’a tendu des pièges.
Sur mon cœur j’ai placé une pierre ;
Présentez vos condoléances : il est mort.
Va écouter les arbres
(Duo Cherif Kheddam-Nouara)
J’ai laissé mon cœur livré aux algues qui le rongent
Et me disais que la jeunesse est encore à vivre.
Ores qu’il est pour moi trop tard,
Traîné dans les crues,
Mes flancs copieusement souillés,
Je plonge dans le giron de la tourmente.
Fût-ce en payant forte rançon,
Je ne saurais sauver mon âme.
Aveuglément j’ai suivi les conseils des ennemis ;
Mes problèmes s’en sont enchevêtrés,
Et ma voix s’est perdue dans un puits.
Ma voix s’est perdue dans un puits,
Personne ne pourra m’entendre si je crie.
Sur mon cœur j’ai placé une pierre ;
Présentez vos condoléances : il est mort.
-Va écouter les arbres s’ils en gardent souvenir.
Quand je me rappelle, mon cœur larmoie !
Le grand frêne est toujours là :
S’il pouvait parler, il a bien quoi raconter.
Les oiseaux sur la treille
Se mettent de la fête pour se mêler à notre joie.
Combien furent doux ces moments !
Témoigne, ô pierre, si je mens !
(…)
-Mon cœur est hanté par l’angoisse
Lorsque je me rappelle notre jeunesse.
Je garde en moi tout ce que tu m’as dit ;
Je le répéterais si je le pouvais.
Tu redoutais, comme si tu en étais avertie,
L’issue de notre chemin.
Dans le rêve, tu étais bien avec moi,
Au réveil, ce fut la séparation.
-Comme j’aime plonger dans les souvenirs,
Même si j’en crains les retombées sur mon cœur !
Comme si j’attendais quelque chose,
Même si je sais que tout est perdu.
Je n’en ai soufflé mot à personne.
Je n’ai plus de compagnon.
Il me reste une personne à qui faire mes confidences :
C’est à toi ; toi qui es mes ailes !
-Le mal ne vient ni de toi ni de moi ;
Nous n’avons rien à nous reprocher.
Si tous les gens étaient comme nous,
Jamais nous n’aurions un quelconque ennui.
Lésés, nous en restons hébétés.
C’est la loi des temps maudits !
Le jour s’achève, le soleil décline ;
Comprenez, ô gens, et souvenez-vous-en.
Traduction: A.N.M.