Une centaine de délégués, représentant les rappelés du service national des vingt-deux daïras de la wilaya de Tizi-Ouzou, ont tenu, hier, un conclave à Aïn Zaouia en présence des représentants des wilayas de Boumerdès et d’Alger. Après avoir rappelé toutes les actions menées depuis la création de leur mouvement, les organisateurs ont évoqué et dénoncé la création d’un mouvement parallèle « fantoche » qui serait affilié à une organisation dénommée » Organisation Nationale pour la Continuité des Générations » qui travaillait dans le fractionnement du mouvement. « Nous sommes un mouvement pacifique. Il n’y a aucun autre mouvement. C’est la base qui décidé de tout. Si nos frères constatent qu’il y a une déviation, qu’ils le disent de façon directe afin de trouver des solutions », notera dans son intervention l’un des conclavistes. Et à un autre de poursuivre: « nous sommes déterminés à aller jusqu’à la satisfaction entière de notre plate-forme de revendications, déposée au bureau du Premier ministre et à l’APN ». Selon notre deuxième interlocuteur, les dispositions de la charte pour la réconciliation ne concerneraient que les blessés et les malades et, bien sûr, ceux qui ont mis l’Algérie à feu et à sang. « Parmi nous, il y a des centaines qui vivent dans un total isolement et qui ont tout perdu après avoir été rappelés. Ils n’ont ni emploi ni autre rente. Comment vont-ils alors vivre?», s’interrogera le délégué de Tigzirt qui est aussi le responsable de la commission nationale de discipline au sein du mouvement. Un autre intervenant, Kamel Talamat Kadi, a relaté sa mésaventure avec la justice concernant l’agression sexuelle dont fut victime son enfant de cinq ans : « J’ai tous les papiers, notamment le rapport du médecin légiste. Mais les agresseurs de mon enfant sont restés impunis. Nous n’avons aucun droit. J’interpelle les hautes autorités de l’Etat à intervenir pour le règlement de ce problème. J’ai subi trop de pressions et de revers, alors qu’avant mon rappel au service national, j’avais des commerces et je menais une vie confortable ». Pour le responsable de la communication au sein du mouvement, M.Ali Babaci, cette rencontre entre dans le cadre de la restructuration du mouvement et de la poursuite des actions. « Nous nous sommes réunis pour que notre base fasse ses propositions en vue d’aller de l’avant. Nous sommes là pour demander nos droits de citoyens engagés durant la décennie noire et nous sommes toujours prêts à nous mobiliser pour la défense de nos frontières. Nous n’accepterons aucune ingérence étrangère. Si les autorités de notre pays nous rappellent encore une fois, nous répondrons présents, mais qu’on prenne en considération nos préoccupations et qu’on nous sorte de la précarité !», clamera-t-il. Et de lancer cet appel: « nous appelons nos frères rappelés du service national à rester mobilisés pour d’autres actions et notamment pour la tenue d’un congrès national qui regroupera prochainement les représentants de quarante-deux wilayas ». Un dernier intervenant dira : « le combat continuera jusqu’à notre dernière goutte de sang ». Pour rappel, la plate-forme de revendications de ces rappelés est constituée de onze points : la reconnaissance et la considération du mouvement par les hautes autorités du pays, bénéficier des dispositions contenues dans les textes portant sur la charte pour la réconciliation nationale et la concorde nationale, les indemnisations morales et matérielles pour l’ensemble des rappelés, promulgation d’un texte ou d’une loi pour fixer une pension mensuelle, la prise en charge médicale totale pour l’ensemble des rappelés, la priorité dans l’accès au logement et aux postes d’emploi, la régularisation de la sécurité sociale des membres du collectif des rappelés, accès aux crédits bancaires sans intérêt avec exonération d’impôts, promulgation d’un texte officiel sur les rappelés du service national, bénéficier de licence d’exploitation ( café taxi…) et de cartes prioritaires et enfin l’application de la circulaire portant sur les différents avantages dont doivent bénéficier les rappelés ayant accompli leur devoir ( n° 133 /s/ cmdt/ 5ème RM/ A 95).
Amar Ouramdane