Ras Bouira Localité de Ben Abdallah

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Des jeunes chômeurs ont fait du CET leur gagne-pain. Ils y trient les déchets, dans une atmosphère nauséabonde, afin de récupérer une quantité de plastique, des bouteilles, des emballages d’huile ou des cageots usagés qu’ils revendent.

Le CET de Ras Bouira, situé à un jet de pierre de la localité de Ben Abdellah, est sans cesse décrié par les riverains. Odeurs nauséabondes, été comme hiver, présence d’insectes, de rongeurs et meutes de chiens errants, sont le lot quotidien et permanent de habitants de ces lieux. Pourtant, certains jeunes oisifs ont fait de ce CET leur gagne-pain. C’est l’exemple du jeune Hicham, âgé de vingt-cinq ans, qui vit avec ses parents. Il fait partie de ces jeunes gens au physique avenant qui n’ont pas eu la chance de faire éclore leur potentiel, faute de moyens financiers. Il a quitté très tôt les bancs de l’école, pour essayer d’apporter un appui budgétaire à son père. Chaque matin, il se rend à cette décharge proche de sa demeure pour trier les déchets, dans une atmosphère nauséabondes, afin d’y récolter une quantité de plastique, aussi bien des bouteilles de jus en PEHD, des emballages d’huile ou des cageots usagers. Il y travaille depuis qu’il a quitté l’école, confie qu’il  n’a pas d’autre choix. « Comment pourrais-je subvenir à mes besoins les plus élémentaires, comme celui m’acheter des habits par exemple ? », dira-t-il. Malgré leur souffrance, ces jeunes, et ils sont nombreux, sont tous fiers de ce qu’ils font. Pour eux, le travail est la dignité de l’homme. Ils assurent le couvert à leurs familles et il faut pour cela faire des sacrifices. Différentes raisons les ont poussés à chercher du plastique pour le revendre, à l’image du petit Abderrezak, âgé de 15 ans. « Je veux m’acheter des friandises, des chips… sans demander chaque fois à mon père de l’argent, et pour cela, je prends la peine de récupérer le plastique et le cuivre», dira-t-il. Aziz, quant à lui, voit les choses autrement : « Je travaille pour éviter des moments difficiles à ma famille… Personne ne nous oblige à travailler, mis à part notre situation familiale. Le fait de travailler très tôt, dans ces conditions rudes, nous forge et nous permet d’améliorer nos conditions de vie». Ces jeunes ne rechignent pas à la tâche, chaque matin, ils se lèvent à 04h00 pour tenter d’être les premiers sur les monticules de déchets. Car, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il y a bel et bien foule sur ces immondices. « Les premiers levés sont les premiers servis… L’idéal, pour moi, c’est de réussir à ramasser 40kgs, mais pour cela, il faut des efforts sont colossaux », dira Aziz. Ces 40kgs, approximativement, sont amassés dans des sacs de jute, et une fois, voir deux fois, dans la semaine, une 404 bâchée vient acheter ces « récoltes » des jeunes de Ras Bouira. En vendant à raison de 20 dinars le kg de plastique, certains de ces jeunes affirment pouvoir se faire jusqu’à 10 000 DA par mois. Une petite cagnotte qui, hélas, leur servirait peu en cas de maladies. Rester accroupis à longueur de journée, dans ces odeurs pestilentielles, n’est pas sans risques, mais nos interlocuteurs soulignent : « Mieux vaut risquer sa vie en apportant aide et soutien à sa famille, plutôt que de dépérir dans l’oisiveté et s’adonner aux vices et au marasme quotidiens ».

Hafidh B.

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