Mais comment pouvait-il en être autrement quand il s’agissait de traiter d’un thème aussi vaste que la littérature amazighe, de l’oralité à l’écrit. Même si Kamel Bouamara a prit la précaution de limiter sa conférence à la littérature d’expression kabyle. Cet universitaire a tenté de faire un petit rappel de ce qu’est cette littérature en soulevant que le premier romancier kabyle est Belaïd Ath Ali. Et d’effectuer un survol des auteurs d’œuvres littéraires amazighes qui ont suivi. Cet intervenant regrettera l’absence d’un lectorat de livre dans notre pays. Et ceci ne se limite pas uniquement au livre amazigh mais même dans les autres langues, le lectorat est très réduit. Pour sa part, Mohand Akli Haddadou remontera beaucoup plus loin dans l’histoire pour évoquer Saint Augustin et autre Apulée, qui de son avis ne peuvent qu’être des écrivains berbères. Il regrettera le fait que même parmi les universitaires algériens, il y en a qui ne connaissent absolument rien de l’œuvre de Saint Augustin, heureusement dira Haddadou, qu’il y a eu en 2 000 le colloque international sur le personnage à Annaba qui a permis de le réhabiliter et du coup mettre à l’écart l’ensemble des préjugés qui existaient autour de Saint Augustin du simple fait que le dernier fut de confession chrétienne.Haddadou s’interrogera en outre, si on peut dire du romancier marocain Mohamed Kheirredine, ou des Algériens Kateb Yacine et Mouloud Mammeri, qu’ils sont des écrivains berbères et ce même s’ils ont écrit en langue française. Tout dépend des critères selon lesquels ce constat devrait être établi. Pour M.A. Haddadou, de nombreux auteurs maghrébins à travers les siècles, sont connus comme étant des Arabes ou des Romains, alors qu’ils sont Berbères et dans leurs œuvres, ils ont même revendiqué leur berbérité.Mcue Amhis, s’attaquera ensuite à la place de la femme dans la poésie de Si Mohand Ou Mhand. Ce qui déplaira à l’écrivain Abdellah Mamane, membre de l’association Numidia d’Oran présent dans la salle. Mamane déplorera qu’à chaque fois qu’on est appelé à parler de littérature amazighe, on n’évoque que Si Mohand Ou Mhand comme s’il n’existe pas des écrivains kabyles contemporains dignes d’intérêt. Une partie de la salle l’approuvera. Le même participant a aussi remis en cause le fait que dans les rencontres consacrées à l’amazighité, les conférenciers interviennent dans la langue française. Haddadou se sentant ciblé par cette remarque a répondu que s’il se mettait à parler en tamazight académique rares sont les auditeurs qui parviendraient à saisir le discours. Pour Haddadou progressivement, les choses vont rentrer dans l’ordre.De nombreux étudiants du département de langue et culture amazighe de l’université Mouloud-Mammeri ont tenu à marquer leur présence à ce séminaire au cours duquel les responsables du Haut-Commissariat à l’amazighité ont distribué les livres qu’ils ont édité dans le cadre de leurs activités ainsi qu’un numéro de leur revue “Timuzgha”.Le séminaire a été inauguré dans le matinée par les responsables du Haut commissariat à l’amazighité aux côtés de M.El Hachemi Aït Aïssi directeur de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou. Le représentant du HCA a plaidé pour l’enseignement de la langue amazighe dès la première année primaire tout en insistant sur le fait que pratiquement tamazight n’est plus dispensé que dans trois wilayas de Kabylie (Tizi Ouzou, Bgayet et Bouira).
Aomar Mohellebi
