Il semble bien que le vent a tourné en défaveur de l’Entreprise du transport urbain de Bouira (ETUB). Cette entreprise, qui vient de souffler sa deuxième bougie, peine toujours à attirer et à fidéliser les usagers. Pourtant, à une certaine période, les bus de l’ETUB avaient réussi à conquérir le cœur des citoyens, en offrant une qualité de services jugée appréciables. Un petit retour en arrière suffit pour se faire une idée sur le parcours des « bus bleus ». Lancés en décembre 2010 par le Ministre des transports, Amar Tou, ces bus partaient avec un handicap de taille, leur prix du ticket! Et pour cause, à l’époque, il était supérieur à celui du privé une différence de 5 DA. Donc, pour les usagers, le choix semblait déjà fait. Mais au fil du temps et avec des trajets bien étudiés et, surtout, des bus flambants neufs, aux antipodes de ceux du privé ce handicap du prix, n’en était plus un. « On était réticent à embarquer dans ces bus. On avait comme l’impression de se faire avoir. Néanmoins, ce qui nous avait fait changer d’avis, c’est le confort et l’état de ces bus. Certes, à 15 DA c’est un peu cher, cependant, le confort et la tranquillité qu’on y trouvait valaient bien ces 5 DA de plus », déclaraient, à l’époque, bon nombre d’usagers. Cet engouement avait de fortes chances de durer dans le temps et de s’élargir avec le réajustement des prix du transport privé au mois de janvier dernier. Mais, c’est plutôt l’effet inverse qui s’est produit ! La logique aurait voulu qu’à prix égal (15 DA), l’ETUB allait renforcer sa position et grappiller d’autres parts de marché à ses concurrents privés. Mais les faits sont là les bus de « l’Etat », comme les appellent le commun des usagers, ne font plus recette. Pis encore, ils tourment quasiment à vide, à l’exception de leur navette de prédilection : ancienne gare routière- station de voyageurs Ali Aigoune (nouvelle). Mais alors, à quoi est dû ce désamour soudain de la part des usagers ? Selon ces derniers, du moins ceux que nous avons interrogés, le problème réside dans le fait que ces bus négligerait certains arrêts au niveau de chef-lieu de la wilaya. « Contrairement au transport public, le privé sillonne toute la ville de Bouira. L’ETUB ne fait pas le poids », dira un fonctionnaire. Pour sa part, Mourad, un gérant de fast-food à proximité du boulevard Amirouche, pense que les bus de l’ETUB font de la figuration, par rapport à ceux du privé : « Les transporteurs privés sont obligés de faire plusieurs rotations afin de rentabiliser leur journée. Ce qui est loin d’être le cas pour le public. Personnellement, je n’ai jamais vu les bus de l’ETUB passer par la cité des Allemands, ou bien aller du côté de la sortie Ouest de la ville. Ils se cantonnent à quelques trajets et avec des arrêts en coup de vent ». Quant à Farid, agent d’entretien dans une entreprise étatique, il notera que « ces bus ont un trajet qui est différent de ceux du privé. Pour aller du quartier de l’Ecotec à celui de Harkat, le privé emprunte le chemin le plus direct, alors que ceux de l’ETUB, font mille et un détours pour y arriver ». Il en ressort de ces divers témoignages, un réel souci de « stratégie » de fidélisation des usagers et aussi des «carences » en matière d’occupation de terrain de la part de l’ETUB. Pour preuve, les bus privés numérotés 2, 5 et 7, qui desservent toute l’agglomération de Bouira, sont omniprésents, contrairement à ceux de l’ETUB qui effectuent quelques rares dessertes hors itinéraire classique (station Ainouch Hdjila-Gare routière). Pourtant, avec son statut d’EPIC (Entreprise publique à caractère industriel et commercial), l’entreprise des transports urbains de Bouira, peut consolider sa compétitivité qu’elle semble occulter.
Ramdane B.