Les résidents de l’établissement hospitalier spécialisé en psychiatrie, Fernane Hanafi, d’Oued-Aïssi, à une dizaine de kilomètres de la ville de Tizi-Ouzou, ont haussé le ton, hier, pour dénoncer le « laisser-aller intolérable des autorités du secteur ». Ils se sont, en effet, présentés, hier matin, chez le directeur de la santé de wilaya pour réclamer le règlement de leur problème qui dure depuis le 25 du mois dernier. En effet, les 22 résidents dudit établissement se sont rendus, hier, au niveau de la direction de la santé au niveau de la wilaya pour manifester leur ras-le-bol quant à la situation qui prévaut au sein de cet établissement psychiatrique. Ils souhaitaient s’entretenir avec le DSP et tenter de trouver une solution au problème. Mais peine per due, puisque le DSP avait déjà quitté son bureau en laissant comme consigne qu’il « avait réunion avec le wali ». Rencontré hier sur les lieux, Dr Nedr i, délégué des résidents de l’EHS psychiatrie d’Oued Aïssi, s’explique : « Nous sommes à l’arrêt depuis le 25 février dernier. Nous avons même raté les conférences d’Alger, sachant qu’au bout de trois absences non justifiées nous risquons l’exclusion ». Selon lui, « le directeur de l’hôpital psychiatrique Fernane Hanafi avait pris, il y a une dizaine de jours, la décision de geler toutes les activités au niveau dudit hôpital ». Il expliquera que, « selon les propos du directeur de l’EHS, cette décision a été prise par le Conseil médical, lors d’une réunion. » Car, précise notre interlocuteur, les membres du conseil médical auraient décidé de geler leurs activités sous prétexte qu’ils exigeraient au préalable une convention entre l’EHS d’Oued Aïssi et le CHU de Tizi-Ouzou. « Mais ce que je ne comprends pas, c’est qu’il s’agit d’un problème administratif et ce n’est pas à nous de le régler. Tout ce que nous réclamons, c’est de reprendre nos activités au sein de cet établissement, dans les plus brefs délais, sachant que dans deux mois il y aura un examen final national pour les résidents en première année. Et nous sommes très perturbés à cause de ce problème », regrettera-t-il. « En m’adressant au directeur de la structure, je lui avais dit que nous sommes là depuis 2006, et depuis, notre situation n’a pas évolué ! Maintenant, s’il y a un problème administratif, c’est à vous de voir, car notre seul et unique souci est la formation », a-t-il encore indiqué. L’EHS Fernane El Hanafi reçoit des résidents qui travaillent au niveau de ses différents services, depuis 2006. Cette année, précisent les résidents, l’établissement a accueilli la huitième promotion. « Dans mon cas, cela fait trois années que je suis ici, et il n’y a jamais eu d’incident. Il y a une dizaine de jours, comme chaque matin, nous étions venus pour travailler, mais à notre grande surprise toutes les portes étaient fermées. Les agents de sécurité avaient reçu des instructions pour ne pas ouvrir les portes aux résidents. Alors, nous sommes allés voir le directeur qui nous a dit que nous n’avions pas le droit de rentrer à l’intérieur de la structure », a-t-il précisé en poursuivant : « C’est grave, car du jour au lendemain, nous avons l’impression que nous sommes passés du statut de médecins à celui de voyous ». Dr Nedri expliquera que si les responsables du secteur de la santé ne décident pas de mettre fin à ce problème très vite, les résidents risquent d’être transférés à l’établissement psychiatrique de Blida. Une chose qui, selon eux, ne les arrangerait pas et qu’ils refusent catégoriquement. « Les stages, au niveau de cet établissement ont été validés par le CPRN. Maintenant, s’ils décident de les arrêter, nous serons dans l’obligation d’aller à Blida. Mais personne n’acceptera cette décision, car il y a des étudiants qui ont dépensé tout leur argent ici. Il y’a des mar iés avec des enfants, Ils ont loué des appartements. Ce n’est pas possible qu’on nous envoie ailleurs. Surtout pour les étudiants qui ont un examen dans deux mois. Nous sommes ici depuis sept ans maintenant et nous n’avons jamais transgressé le règlement intérieur de l’EHS. Nous avons parlé au DSP à deux reprises et, à chaque fois, il nous promettait de régler ce problème, mais ce problème dure depuis une dizaine de jours et nous n’avons rien vu venir jusque-là », dénonce-t-il.
Le DSP, absent, avait laissé entendre qu’il avait réunion avec le wali !
Au niveau du siège de la direction de la santé et de la population, les résidents n’ont pu rencontrer le Directeur, Djamel Chaguetmi, qu’ils souhaitaient voir pour s’entretenir avec lui et lui exposer le problème qui du reste n’est pas nouveau pour lui. Selon eux, « il a juste prétexté une réunion avec le wali de Tizi-Ouzou pour fuir. Mais qu’est donc devenu le sens des responsabilités des dirigeants ?».
« Dans les pays qui se respectent, même si le directeur était en réunion, il prend congé pour parer au plus pressé. Là des protestataires sont dans le couloir et le responsable quitte son bureau. Au lieu d’aller leur parler et au moins les écouter, il les méprise. Ce sont des médecins, ils sont venus pour exposer un problème, ils demandaient juste à voir le DSP », ne s’est pas empêché de commenter un curieux de passage dans la dite direction. « Ce matin, en arrivant ici, l’agent de sécurité nous a dit que le DSP était dans son bureau. Mais nous n’avons pas pu le voir parce que, soit disant, il avait une réunion avec le wali. On nous a informés qu’il avait demandé à son intérimaire de nous accueillir. Chose que nous avons refusée, car c’est lui le premier responsable du secteur de la santé à Tizi-Ouzou », expliquera pour sa part Dr Nedri. « Si le DSP ne règle pas le problème, cette fois, nous irons voir le wali en sa qualité de premier responsable de la wilaya de Tizi-Ouzou. Nous saisirons également le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé » a-t-il menacé. Enfin, il conclura en affirmant que les résidents n’accepteront jamais d’être affectés à Blida alors que la wilaya de Tizi-Ouzou possède un établissement spécialisé en psychiatrie doté de 350 lits. A noter que selon les dernières informations, le DSP a fini par revenir à son bureau en fin d’après midi et consenti à recevoir les résidents après les avoir fait poiroter pendant des heures. La rencontre s’est déroulée sans couacs toutefois même si semble t-il aucune issue n’a été dégagée au problème. Nous y reviendrons.
Samira Bouabdellah.